Honoré de Balzac, Les Employés ou La Femme supérieure, 1838.
Une lecture agréable.
Avec ce roman, Balzac nous
plonge dans le monde des bureaux et des employés. Le chef est en train de
mourir et sa succession se joue entre Rabourdin, intelligent et dévoué à l'État
et Baudoyer, un imbécile complet. Or chacun de ces hommes est doté d'une femme
supérieure – comprenez, qui s'y connaît en intrigues. Il faut en outre compter
avec un certain Des Lupeaulx.
Le roman souffre un peu
du fait que Balzac a voulu courir deux lièvres à la fois : d'une part dresser
un portrait de l'administration et d'autre part faire le récit d'une intrigue.
L'évocation de l'administration, impersonnelle car on ne saura jamais de quel
ministère il s'agit, est un peu fastidieuse avec son défilé d'employés, tous
plus ou moins médiocres, même si certaines figures se détachent
incontestablement. On est dans la droite ligne d'Émile Gaboriau.
L'intrigue est plus
réussie même si Balzac ne parvient pas à éviter son travers habituel : la fin
est écrite d'avance et les personnages obéissent au déterminisme et à la
fatalité du bon vouloir de l'auteur. Heureusement, certains sortent du cadre
prévu et parviennent à s'imposer. C'est le cas de Célestine, la femme de
Rabourdin qui oscille entre différentes tentations, toutes plus alléchantes, de
Rabourdin lui-même et surtout de Des Lupeaulx, un très bon personnage, méchant
et attachant à la fois.
Daumier, Le roi Louis-Philippe, 1834, New York, Metropolitan, image RMN. |
Ce roman est une critique
de l'administration pléthorique et bonne à rien, qui symbolise l'entrée des
masses sur le théâtre de la décision politique. On est donc en pleine nostalgie
du Conseil du Roi. Rabourdin rêve d'être le Colbert ou le Napoléon ou du moins
le grand homme de l'administration – pourtant royaume de l’anonymat.
Je note, comme souvent, la
très fine analyse des vêtements portés par les uns et les autres comme
marqueurs sociaux et psychologiques.
D'ailleurs, ça ne me
regarde pas, moi, les malheurs de mes proches, reprit Bidault-Gigonnet. J'ai
pour principe de ne jamais me laisser aller ni avec mes amis, ni avec mes
parents, car on ne peut périr que par les endroits faibles. Adressez-vous à
Gobseck, il est doux.
je n'ai pas la même grande connaissance de Balzac que toi aussi c'est un plaisir de découvrir un texte intéressant ici
RépondreSupprimerje me suis replongée dans Balzac cet été et depuis je poursuis mon bonhomme de chemin avec plaisir et parfois avec surprise car si effectivement comme tu le dis certains travers sont convenus et répétés on a parfois d'excellentes surprises et toujours une belle admiration pour sa verve
j'ai relus tous tes billets Balzac : chapeau !
Tu as lu tous mes billets sur Balzac ? Oh tu m'impressionnes, je me serai lassée !
SupprimerEn effet, ses romans moins connus offrent souvent de belles trouvailles et forment un beau panorama.