Yan Lianke, Les Jours, les mois, les années, traduit du chinois par Brigitte
Guilbaud, parution originale 2005, édité en France par Picquier.
Au-dessus de la cabane, les étoiles et la lune récupéraient doucement leur rayonnement, à la manière d’un filet de pêche que l’on retire de l’eau, c’était une lumière pure qui s’égouttait légèrement et que l’on entendait perler, tinter faiblement.
L’aïeul savait que ce n’était pas là le bruit de l’eau, ni celui des arbres, ni même celui des insectes. C’était, dans l’immense nudité de la nuit, le paroxysme du silence qui se donnait à entendre.
Un roman avec beaucoup de poésie et
notamment une idée merveilleuse : l’aïeul pèse les rayons du soleil. Au
fur et à mesure que la chaleur monte, ils sont de plus en plus lourds. Et que
le vieil homme est furieux contre ce soleil implacable, il lui donne des coups
de cravache et le zèbre de grands coups noirs. La langue est d’une grande délicatesse
et traduit la répétition, jour après jour, de la chaleur, de la brûlure du
soleil, de la soif, de la fatigue. Certains passages sont impressionnants comme
le récit des rats fuyant la région ou celui d’un face à face long d’une nuit
avec les loups. Dans ce paysage entièrement desséché, les odeurs et les bruits
ont une grande puissance.
G. Downs Tjangala Johnny, Rêve d'eau, 1992, Marseille, Vieille Charité, RMN. |
J’ai pris un grand plaisir à ma
relecture.
Le jeune maïs poussait de plus en
plus. La nuit venue, ses feuilles bruissaient très légèrement, cela ressemblait
à la respiration d’un bébé profondément endormi. Ce soir-là, l’aïeul et son
chien s’étaient assis près de la plante, se reposant après une journée de
labeur. À écouter sa respiration, ils sentaient leurs articulations et leurs os
mollir et se détendre.
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