Sylvie Germain, Magnus, publié en 2005.
La trajectoire d’un homme.
Le héros est un petit garçon un
peu silencieux qui possède un ours en peluche nommé Magnus. Si l’histoire est
racontée du point de vue de l’enfant, le lecteur comprend rapidement que le
père est un médecin nazi, participant à la sélection des camps de
concentration. Au début du roman, c’est la fin de la guerre et tout le monde
fuit. L’enfant est confié à un oncle pasteur vivant en Angleterre. Le roman
raconte la vie du jeune homme, puis de l’adulte, fuyant et retrouvant ses
origines, aimant et détestant ses parents, cherchant la vérité et puis
l’oubliant soigneusement. Il avance par flashs successifs, des visions
s’imposant à lui. Le roman raconte toute son existence, passant vite sur des
années, s’arrêtant sur des moments, des souvenirs, des impressions. La
narration est régulièrement interrompue par de petites fiches biographiques
relatives à différents personnages ou événements ou par des citations. C’est le
récit d’une vie, avec ses trous, ses absences, ses erreurs, ses oublis, avec
une identité problématique, une place difficile à trouver vis-à-vis de ses
proches, avec des morceaux venus des autres, écrits par les autres. Tout ne
vient pas de soi ou du personnage principal. Des moments proches de la magie
ou du fantastique décrivent la force de l’esprit, de la mémoire, du souvenir,
des impressions, qui sont plus forts que les petits faits bruts.
Brauner, Conciliation extrême, 1941, Courtesy the museum of everything |
Il respire l’espace, y déploie
ses sens, rêvant longuement autour de toute chose. La rêverie consiste chez lui
en une sorte de lente manducation du visible, des sons, des odeurs. Il aime le
lac, cette étendue de bleu lisse qui varie sans cesse, allant de l’azur laiteux
au violet presque noir, ou d’un tilleul opalin au vert foncé selon les heures
du jour, autant qu’il a aimé la lande. Il ne se lasse pas d’étudier la vie des
couleurs, leurs perpétuelles transformations, leurs frémissements, leurs lentes
effusions suivies de brusques changements.
Le magnifique billet de Lili
Galipette.
"Magnus" est un livre que j'associe à ma rencontre avec l'homme, car je l'ai lu à la même époque. Il y a des phrases et des mots d'une puissance inouïe dans ce livre...
RépondreSupprimerJe ne savais pas que la citation "Il y a en lui de l’ours et du bélier." s'appliquait aussi à Christophe ! Mais oui, livre assez dingue en effet.
SupprimerMagnifique livre, comme tous ceux de Sylvie Germain !
RépondreSupprimerEt merci pour la référence à mon billet.
Ça me donne envie de relire ce roman. Mais déjà que je relis presque tous les ans "Le livre des nuits"... Je ne peux pas lire et relire que du Sylvie Germain...
Tu sais, il y a des gens (je ne citerai pas de nom) qui relisent la Recherche régulièrement. Alors, Sylvie Germain, ça doit aller.
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