William Trevor, Cet été-là, traduit de l’irlandais par
Bruno Boudard, parution orignale en 2009.
Un beau roman.
Tout commence dans une petite
ville d’Irlande, dans les années 50, par l’enterrement de madame Connulty, une
femme dont on nous décrit la vie et la fortune et qui laisse un fils et une
fille, tout à fait aptes à gérer tout cela. Un homme, Florian, prend des photos
lors de cet enterrement, ce qui paraît curieux. Et puis, lors de l’été qui
suit, Florian revoit à plusieurs reprises Ellie, une habitante du coin. C’est
un amour qui naît.
Dilhahan reprit son chemin. Il stoppa devant une barrière, l’ouvrit et laissa descendre les chiens. Chaque soir, à présent, ceux-ci ramenaient les vaches seuls.
Ce récit d’un amour très simple
est à peine dit, à peine évoqué, à travers les balades à vélo, les rencontres
secrètes, les petits mots glissés sous une pierre. Il se glisse entre les aléas
de la vie de la petite ville, du cordonnier, du fils et de la fille de Mrs
Connulty, d’un vieux fou, du mari d’Ellie et d’autres. Chacun et chacune a ses
drames, ceux de l’amour, d’un avortement clandestin, d’un accident mortel. La
douceur de l’amour et la chaleur de l’été ne changeront rien à ces douleurs et
ces déchirures intimes. Et le quotidien des poules à nourrir, des bêtes dans
l’herbe, des oiseaux qui chantent continuera par-dessus ces grands et petits
drames humains. Ellie est la seconde épouse très effacée d’un fermier, elle a
une vie ordinaire, mais bien tranquille, avec ses occupations. Florian est le
fils unique d’un couple artiste et ruiné, il se prépare à l’exil, il partira à
la fin de l’année.
G. Clausen, Yeux bruns, 1891, Tate Britain, M&M |
Une belle lecture. On ne sait pas
trop où l’on va au début, car va-t-on suivre cet enterrement et cette
succession qui s’annonce ? ou l’histoire de la petite ville ? ou
remonter la pente des souvenirs ? Ellie et Florian sont au centre du récit
sans être prépondérants. On a la sensation de beaucoup de petits riens et on
peut avoir l’impression à la lecture qu’il ne se passe pas grand-chose ou que
le roman est vide. C’est que l’on est dans un monde taiseux et discret, où les
sentiments sont enfouis, mais bien réels.
- C’est sûr ? demanda-t-elle.
Le dix-sept septembre ?
- Oui, c’est sûr.
Des pois de senteur sauvages
étaient en fleur, tout en nuances blanchies et délavées de mauve et de rose.
Des pommes se formaient sur les branches du groupe d’arbres qu’ils traversèrent
pour se rendre au lac. Sur la rive, des rats d’eau se précipitèrent dans l’onde
à l’approche de la chienne qui reniflait dans les roseaux.
- C’est un mardi, dit-elle. Le
dix-sept septembre.
Le genre de romans que j'aime, je note !
RépondreSupprimerJe crois que c'est un auteur qui plaît à pas mal de monde.
SupprimerPas lu celui-ci mais plusieurs autres. C'est un grand auteur, très sensible et original.
RépondreSupprimerOui, c'est exactement cela et je m'y mets un peu tardivement.
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