Tennessee Williams, La Chatte sur un toit brûlant, texte
adapté par André Obey, création 1955.
Une relecture ravie.
Cette pièce de théâtre est un
huis-clos familial. C’est l’anniversaire de Grand-père sur lequel plane la
menace d’un cancer foudroyant. Et il est très riche. Autour de lui, deux fils
et deux brus. D’un côté un gars sérieux à cinq (bientôt six) enfants et de
l’autre Margaret et Brick, qui se font la guerre. Et Brick boit, boit, boit.
Nous boirons tous les deux, dans cette chambre que la mort a traversée.
Tout t’abord, un mot sur le
titre, qui est tout de même bien intriguant (sacrée trouvaille !). C’est Margaret elle-même qui se
qualifie ainsi. La voici, belle, guerrière, armée de toutes ses griffes,
dansant sur le toit brûlant une partie endiablée pour reconquérir son mari et
ne pas laisser la fortune lui échapper. Pas question de se reposer, elle est à
l’attaque. Et autour d’elle se déploie une famille qui lui est plutôt hostile
dans l’ensemble.
Tu as toujours, maintenant, la voix d’une femme qui court en criant : « Au feu ! »
Difficile également de faire
abstraction de l’arrière-plan social de la pièce. Nous sommes dans le
Mississippi, sur une immense plantation de coton. Tous les maîtres sont blancs,
tous les serviteurs sont noirs. Les hommes se doivent d’être virils et les
femmes fécondes.
Je pense que j’avais été assez
décontenancée à ma première lecture, car les rapports de force entre
personnages peuvent être inattendus. Depuis, j’ai eu la chance d’assister à une
extraordinaire représentation de Soudain
l’été dernier et j’ai pris plaisir à tracer des liens entre les deux
pièces. La Chatte fait la part belle
aux rapports de force entre personnages : Grand-père déteste Grand-mère et
son fils aîné, Grand-mère essaie d’aimer tout le monde, mais ne cache pas ses
préférences, le frère et sa femme semblent odieux et parfaits – quant à Brick
et Margaret… Encore une fois la sexualité, la question de la virilité, de
l’homosexualité masculine, de la femme objet est au cœur des souffrances des
personnages. Mais encore une fois, la vérité et la vérité au sein de la famille
est le sujet principal de la pièce. Il est sans cesse question de mensonges et
de dissimulations, que ce soit aux autres, ou à soi-même. Et encore une fois,
on a un sacré rôle féminin. Et on retrouve les mêmes enfants pauvres qui
regardent les riches.
Une pièce très réussie, même si l'intrigue est plus classique et la tension dramatique moins forte que dans Soudain, l'été dernier.
Une pièce très réussie, même si l'intrigue est plus classique et la tension dramatique moins forte que dans Soudain, l'été dernier.
Quelle fête c’était de coucher
avec toi ! Au lit aussi, ton charme était l’indifférence, un charme lent,
lointain, tranquille, si naturel ! Tu faisais ça nonchalamment, avec une
sorte de courtoisie : « Après vous, madame, je vous en
prie !... » Quelle merveilleuse indifférence !
Un auteur que je ne connais pas encore, mais j'ai déniché cette année en bouquinerie une compilation de ses pièces et romans (dans la collection Bouquins de chez Robert Laffont), aussi je compte bien réparer cette lacune, et ne pas limiter ma connaissance de ce titre notamment par son interprétation par Brando et Taylor !
RépondreSupprimerOups, je voulais Newman, bien sûr... !
SupprimerSur la couverture de l’édition 10/18 Newman a vraiment un air à la Brando !
SupprimerJe relis depuis peu du théâtre et, misère, je n'ai encore jamais lu Tenessee Williams. Peut-être commencer par un roman ?
RépondreSupprimerIl est surtout connu pour ses pièces de théâtre, mais d’après Wikipedia il a écrit deux romans.
SupprimerC'est une magnifique pièce et j'avais adoré le film avec Paul Newman et Elizabeth Taylor (même s'il met de côté l'homosexualité, qui est la clé de tout). J'aime beaucoup cet auteur (j'avais aussi été glacée par "Soudain, l'été dernier".
RépondreSupprimerPas encore vu le film pour ma part.
Supprimer