Edith Wharton, Ethan Frome, traduit de l’américain par
Julie Wolkenstein, parution originale 1911.
Un roman de neige.
Un jeune ingénieur se trouve
obligé de passer l’hiver dans un fond de bled du Massachusetts. La neige
recouvre tout. Il remarque bientôt un homme, Ethan Frome, claudiquant et le
visage figé suite à une « collision ». Il apprend son histoire. 20
ans plus tôt, Ethan était un jeune homme cultivé et plein d’espoir, très
pauvre, mais marié à une cousine desséchée. Il est tombé amoureux d’une jeune
et jolie Mattie…
Tout ce misérable et long passé de désillusions, les échecs, les privations et les vains efforts de sa jeunesse, tout remontait avec aigreur dans son esprit et semblait s’incarner devant lui, dans cette femme qui, à chaque virage, lui avait barré la route. Elle lui avait tout pris ; et à présent elle s’apprêtait à lui prendre la seule chose qu’elle lui ait jamais donnée en échange.
Je ne vous en dirai pas plus, car
ce roman est très bien construit, avec ces allers et retours dans le passé. Une
histoire d’amour contrariée, un roman noir, un roman sur la neige et la beauté
de l’hiver, un univers où les femmes, surtout pauvres et célibataires, n’ont
pas de place. La réussite de ce court texte provient de l’alternance entre les
descriptions de la campagne et des paysages et les passages de récit. Ethan vit
dans un monde de misère affective, bloqué dans la ferme de ses parents par la
pauvreté.
G. Bellows, Hudson River matin enneigé, 1910, Brooklyn museum. |
J’ai lu ce très court roman peu
de temps après Au temps de l’innocence
(1920) qui me laisse une impression plus mitigée. Dans Au temps de l’innocence, le héros est également un homme partagé
entre deux femmes. Wharton tâche de camper le milieu de la haute société new
yorkaise, confite dans ses préjugés et son hypocrisie, surtout vis-à-vis du
rôle des femmes, mais les personnages n’y sont pas assez incarnés à mon goût. J’ai
eu du mal à croire en eux. De même, l’ironie de l’auteur semble surtout de bon
ton. J’ai nettement préféré Ethan Frome
qui me paraît mieux construit, centré autour de deux ou trois personnages et
d’une intensité émotionnelle plus forte.
Mais, au crépuscule, de nouveaux
nuages s’amoncelèrent, accélérant la venue de la nuit, et la neige se mit à
tomber, drue et ininterrompue, d’un ciel sans vent, enveloppant tout l’univers
d’une mollesse diffuse, et c’était encore beaucoup plus perturbant que les
rafales et les tourbillons du matin. On aurait dit qu’elle contribuait à
densifier l’obscurité, qu’elle était l’essence même de cette nuit d’hiver qui
déposait sur nous ses couches successives.
moi je suis une inconditionnelle de Wharton, j'aime tout, les romans courts et les longs, je ne suis pas certaine qu'il s'agisse d'hypocrisie pour elle, de préjugés certainement ceux de son temps même si à travers ses nouvelles et ses romans on note une capacité à prendre du recul et à être assez sévère pour cette société
RépondreSupprimerDans Au temps de l'innocence, il est je pense question de l'hypocrisie, mais tu as raison, ce n'es pas si net. On ne sait jamais bien quel est le point de vue des personnages ni celui de l'autrice d'ailleurs.
SupprimerPour ma part, je découvre, je débute.
Ah, ce roman !!! ♥♥♥
RépondreSupprimerIl me semblait bien que tu étais dans le Wharton club !
SupprimerQue voilà une lecture à mettre dans ma PAL pour le prochain hiver (quoique j'ai déjà un roman de Wharton dedans, qui attend depuis un petit paquet de temps hmm)
RépondreSupprimerOn m’a prêté les deux, donc zéro encombrement.
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