Tommaso di Carpegna Falconieri, L’Homme qui se prenait pour le roi de France,
traduit de l’italien par Colette Collomp, parution originale en 2005, édité en
France et en 2018 par Tallandier.
Tout est dans le titre. Nous
sommes au XIVe siècle et un marchand de Sienne se prend pour le roi
de France – et ce n’est pas un roman !
Au début de l’histoire, nous
retrouvons Cola di Rienzo, le tribun de Rome dont les aventures m’avaient déjà
intéressée. C’est lui qui fabrique le « monstre » en révélant à
Giannino di Guccio, richissime marchand de Sienne, qu’il est en réalité le roi
de France, suite à un échange d’enfants au berceau. C’est que nous sommes à une
période compliquée. D’abord les faux rois ne sont pas si rares, dans toute
l’Europe. En France d’ailleurs, les prétendants sont multiples entre le vrai
roi, Jean II qui est prisonnier, le roi d’Angleterre qui revendique la couronne
de France, le Dauphin et le cousin de Navarre – on est en pleine Guerre de cent
ans. Giannino se lance donc : il cherche d’abord à convaincre les
Siennois, puis les condottiere qui se
trouvent en Italie, le roi de Hongrie, le Pape qui se trouve à Avignon, les
mercenaires, la famille de Navarre, le roi de Naples qui gouverne la Provence…
Autour de lui gravitent des individus sincères et d’autres qui abusent de sa
bonne foi, un étonnant juif converti au christianisme, des hommes d’armes, des
prélats, des hommes de loi. Il voyage dans une bonne partie de l’Europe pour
faire reconnaître ses droits à la couronne de France – en vain.
Famille Memmi, Sainte Madeleine, XIVe siècle, Petit Palais d'Avignon. |
C'est passionnant.
L’auteur nous raconte les documents d’archives, détaille les faux et les
sceaux, présente les acteurs et le contexte troublé qui permit à cette folie de
vivre pendant plusieurs années. Il est question de faux documents, de la
revendication des habitants d’Aix-en-Provence, d’une évasion manquée et du
réseau des commerçants siennois installés dans toute l’Europe.
Giannino est-il fou ou sincère ?
Et qui est le vrai roi de France ? L’histoire recèle toujours des
merveilles improbables, des personnages dignes d’une pièce de Shakespeare et il
serait dommage de s’en priver. L’ouvrage se lit avec un réel plaisir, car il
est écrit à la fois avec légèreté et précision.
Tout cela donne furieusement
envie de se coller dans Les Rois maudits.
Anti-héros absolu, souverain mais
pas chevalier, Giannino di Guccio n’avait pas participé en personne à sa
première et unique bataille. Mais il est doux de penser qu’au moins un temps,
la bannière du roi Giannino a flotté sur le mât de la plus haute tour de
Pont-Saint-Esprit. Alors qu’une moitié de la France était aux couleurs du
pavois d’azur semé de fleurs de lys d’or et que l’autre obéissait à l’étendard
aux lys et aux léopards d’Angleterre, sur la grosse tour d’une petite ville
flottait un drapeau étrange, fabriqué à Milan par le juif Daniel : un
drapeau azur constellé de lys d’or avec un grand soleil au beau milieu.
Merci à Babelio et à Tallandier
pour cette lecture. L’auteur a accordé un entretien très intéressant à France
Culture.
Celma me plait bien!
RépondreSupprimerFranchement, c'est super.
SupprimerL'histoire n'est pas banale et le contexte historique me plaît. Allez, colle-toi dans Les Rois maudits, tu en auras pour un long moment de plaisir.
RépondreSupprimerEn vrai j'ai commencé la lecture des Rois, mais je me suis arrêtée en cours de route. Faudrait donc que je m'y remette sérieusement.
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