La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 29 juin 2019

Cette attitude provoqua le courroux d’Éros : c’est un dieu ombrageux, féroce avec les orgueilleux.

Xénophon d’Éphèse, Les Éphésiaques, IIsiècle, traduit du grec ancien par Jean-Philippe Guez, dans le volume Romans grecs et latins des éditions des Belles Lettres.

Tout commence à Éphèse, avec Habrocomès qui est d’une beauté proprement surnaturelle, mais qui est arrogant et se moque de l’amour. Éros décide de se venger (mais pas façon Narcisse). Habrocomès s’éprend de Anthia, qui est la fille la plus belle de la ville. Ils se voient, s’aiment, s’épousent… mais les divinités leur ont prédit qu’ils allaient beaucoup souffrir.
Nos jeunes époux s’embarquent sur un navire. Et là s’enchaînent une série interminable d’aventures : des pirates, des bandits, l’esclavage, des hommes et des femmes s’éprennent de Habrocomès, des hommes s’éprennent de Anthia Nos héros séparés sont ballotés dans toute la Méditerranée. Se retrouveront-ils ? Vivants ? Et resteront-ils fidèles l’un à l’autre au milieu des épreuves ?
Après Callirhoé qui m’avaient beaucoup plu, j’ai été ici déçue. Les événements se succèdent en effet à un rythme très rapide, sans forcément beaucoup de cohérence et nombre de situations qui mériteraient une bonne exploitation romanesque ne le sont pas – quel gâchis !
L’introduction donne une explication tout à fait argumentée : nous sommes en présence d’un texte fait pour être raconté. Évidemment, à l’oral, on imagine que le conteur pouvait en ajouter des caisses sur cette trame riche en potentialités dramatiques. Je retiens parmi les épisodes marquants ceux où le Nil en personne (si je puis dire) vient, à deux reprises, sauver le héros de la mort, celui où l’héroïne est enfermée dans une fosse avec des chiens affamés, celui où elle échappe au viol/prostitution par une fausse crise d’épilepsie ou celui où un vieil homme vit en compagnie de la momie de son épouse décédée.
Mosaïque romaine et pas grecque, Musée de la Romanité, Nîmes.
Je note une franche évocation du plaisir et du désir physique, entre homme et femme, mais aussi entre hommes. Ça change agréablement.

Il la regardait encore et encore, et ne pouvait, malgré sa volnté, se soustraire à cette vision ; le dieu le tenait et ne le lâchait plus. Anthia également était au plus mal. Par ses yeux grand ouverts, la beauté d’Habrocomès s’écoulait en elle et la pénétrait, et déjà elle ne se souciait plus de ce qui convient à une vierge : elle parlait pour qu’Habrocomès entende, dévoilait son corps, autant que possible, pour qu’Habrocomès regarde. Et lui s’abandonnait à ce spectacle ; il était prisonnier du dieu.

N’empêche, lisez plutôt Callirhoé qui est très très bien.

Une étape de mon programme de lecture d’été.


2 commentaires:

Dominique a dit…

un auteur connu mais une oeuvre totalement ignorée pour moi
je vais plutôt aller relire ton article sur Callirhoé
et merci de nous inviter à ce genre de lectures que j'aime beaucoup

nathalie a dit…

Je me suis acheté une anthologie et je lis un roman par an. Cela ne va pas très vite, mais oui, j'apprécie le changement d'atmosphère. Il peut y avoir de belles surprises.