Max Lobe, Confidences, édité en 2016 aux Éditions Zoe.
Un homme né au Cameroun, mais ayant grandi en Suisse et y vivant, retourne au pays pour quelques jours ou quelques semaines. Il souhaite entendre parler de Ruben Um Nyobè, un des leaders du mouvements pour l’indépendance. La parole est à Ma Maliga, une femme âgée, aux souvenirs bien vivaces.
Je ne veux pas qu’on vienne après m’accuser de t’avoir rendu sourd en te racontant des histoires qui te dépassent en taille.
Difficile de dire si Ma Maliga est réelle ou si ce portrait s’inspire d’une ou plusieurs femmes réelles. Toujours est-il qu’elle a la langue bien pendue et qu’elle verse le vin de palme avec générosité. Elle raconte… La vie dans un village de la forêt avant l’indépendance, la présence des colonisateurs français, l’ébullition avant l’indépendance, les divisions des Camerounais et les luttes fratricides, l’assassinat de Um Nyobè par l’armée française, l’enfermement des habitants dans des camps et les massacres, mais tout cela, non pas dans un récit bien posé et bien ordonné. Le flot des souvenirs est irrégulier. Il est aussi question de la famille, de l’oncle fou, des mariages et des dots, de la façon dont les Camerounais ont honte de leur peau noire et de leur propre culture, de la corruption, de la mauvaise gestion du pays, de la cuisine et des arbres. Bref, tout un portrait bien vivant du pays. En contrepoint, le narrateur, lui qui vit en Suisse, raconte son séjour dans les grandes villes du Cameroun et son sentiment de dépaysement (ah ! les chaînes de télévision évangélistes avec des prédicateurs qui font des affaires). Ce n’est pas un récit historique à proprement parler, mais plutôt une plongée au cœur du Cameroun d’hier et d’aujourd’hui avec toutes ses facettes.
J. Thil, Afrique équatoriale française, 1935, Musée du quai Branly |
J’ai l’esprit complètement captivé par les paroles de de la chanson que déversent les haut-parleurs du bar Chez Barack Obama : « Ce qui est fendu n’a pas défendu à ce qui est tendu de pénétrer. »
Quelle poésie.
Un roman au ton plein d’amertume, d’humour, d’allégresse et de mélancolie, avec un sentiment mêlé vis-à-vis d’un pays qui a gâché ses chances, mais qui est pourtant bien vivant. Le tout avec une langue joyeuse et vive.
Mon fils, tiens. Bois un peu de ce bon matango. Ekiééé ! Pas si vite. Pourquoi est-ce que tu es pressé comme ça comme si tu avais la diarrhée ? Doucement ! Verses-en d’abord un peu par terre pour nos morts et nos ancêtres. Regarde. Fais comme moi. Comme ça. Voooilààà. Bien. Maintenant tu peux boire.
Merci Magali pour la lecture.
Une étape dans mon programme de lectures d’été.
Tiens! Cela m intéresse bien une le note.
RépondreSupprimerEffectivement, ça peut te plaire.
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