La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 23 juillet 2019

La route a enroulé sa longue ancre lisse autour de mon cou et puis elle s’est arrêtée.

Richard Brautigan, La Pêche à la truite en Amérique, traduit de l’américain par Marc Chénetier, parution originale 1967, édité en France par Christian Bourgois.

Hem… il va être difficile de parler de ce roman totalement décousu où il est certes question de la pêche à la truite en Amérique (elles sont un certain nombre à finir mangées), mais surtout d’autres choses… de marches le long du torrent, d’anecdotes bizarres, de portraits de poivrots, de San Francisco. Mais encore et surtout d’humour, de parodie, de jeux de langue pleins d’invention, dans un texte fragmentaire et sautillant.

Le vieux poivrot m’a parlé de la pêche à la truite. Quand il était capable de parler, il arrivait à décrire les truites comme si elles étaient un métal précieux et intelligent.
Argenté n’est pas l’adjectif qui convient pour décrire ce que j’ai ressenti quand il m’a parlé de la pêche à la truite. 
J’aimerais bien arriver à dire ça précisément.
De l’acier en truite, peut-être. De l’acier fait avec de la truite. La rivière transparente, gonflée de neige, faisant office de haut-fourneau et de chaleur.
Imaginez-vous Pittsburgh.
(c'est le début. Avouez...)

Je n'ai pas grand-chose à dire de ce roman et pourtant j'ai corné plein de pages. Pour moi, c’est un livre d’été. Sa lecture amène le sourire et même le rire, tant les formules de l’auteur font mouche (c’est le cas de le dire). C’est un univers hors du temps (les années 60 à San Francisco) où personne n’a l’air très adulte.
Il y a quand même ce chapitre tout à fait remarquable où un gars vend un ruisseau d’occasion, au mètre, truites comprises, mais avec un supplément pour les insectes et les cascades.

Le tout est de ne pas se prendre au sérieux. 

À l’emplacement no4, il y avait un poêle. C’était une boîte de métal carrée montée sur un parpaing. Un tuyau de poêle surmontait la boîte, mais il n’y avait pas d’impacts de balles dans le tuyau. Je n’en revenais pas. Presque tous les poêles des terrains de camping que nous avions vus dans l’Idaho étaient grêlés d’impacts de balles. J’imagine qu’il est parfaitement naturel que les gens, pour peu que l’occasion s’en présente aient envie de tirer sur un vieux poêle au fond des bois.

N’empêche, irrémédiablement de culture classique, je n’ai pas pu m’empêcher aux errances de Stevenson dans ce même San Francisco.

Une lecture ou une relecture, je ne sais plus très bien.
J. Bartlett, 17 heures, 1991 Metropolitan. 


2 commentaires:

eeguab a dit…

Lu il y a bien lontemps. Bon souvenir mais effectivement il fait laisser son rationnalisme au vestiaire.

nathalie a dit…

C'est totalement n'importe quoi pour certaines phrases et c'est assez rafraîchissant, mais il faut être réceptif à ce moment là.