La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 12 mai 2020

La vie était aussi résistante et tenace qu’un rat.

Rosa Montero, Des larmes sous la pluie (2011), Le Poids du cœur (2015) et Le Temps de la haine (2019), traduits de l’espagnol par Myriam Chirousse, édités en France chez Métailié.

Avant de lire Le Temps de la haine qui est paru à l’automne 2019, j’ai voulu relire les volumes précédents. Pour la peine, billet complet.

Des larmes sous la pluie.
Premier volume des aventures de Bruna Husky. On est à Madrid en 2109 et notre héroïne est une réplicante, une machine humaine à la durée de vie limitée. Elle enquête sur un complot qui semble avoir pour but de dresser les humains et les réplicants les uns contre les autres, dans une horrible guerre.
Dans ce premier volume, nous découvrons l’univers imaginé par Montero : une planète à l’air vicié, où l’eau naturelle, les animaux et les plantes sont de lointains souvenirs, où les extraterrestres apparaissent à l’occasion, où les portables permettent de tracer les êtres, où l’amour et la haine existent quand même. Un très bon roman de science-fiction, qui se dévore sans problème !
Il est aussi beaucoup question de la mémoire, des souvenirs induits ou fabriqués, des souvenirs que l’on fait disparaître de gré ou de force, du passé de la planète qui semble n’avoir jamais existé.
Un personnage est à la fois homme et femme et les pronoms personnels alternent, ce qui ne pose aucun problème.
Mon premier billet sur le roman.

Bruna tenta de se souvenir de toutes les informations qu’elle possédait sur les Omaas. Que c’étaient les Autres qui abondaient le plus sur la Terre car, en plus de leur représentation diplomatique, il y avait des milliers de réfugiés qui avaient fui les guerres religieuses de leur monde. Que ces réfugiés étaient les extraterrestres les plus pauvres, justement à cause de leur condition d’apatrides, et que cela faisait d’eux les êtres les plus méprisés parmi les bestioles. Qu’ils étaient… hermaphrodite ? Ou bien c’étaient les Balabis ? Quel merdier.

Le Poids du cœur.
Dans ce deuxième volume, Bruna Husky part cette fois sur la piste des déchets nucléaires. Il n’y a pas ici de découverte de nouvelles créatures, comme dans le premier, mais nous voyons Bruna voyager sur Labari, une installation humaine en dehors de la terre, et dans un territoire dévasté de l’ancienne Finlande. L’histoire est peut-être un brin compliquée (je n’ai pas bien compris ce qu’il arrivait au fameux diamant) et notre détective ne paraît pas toujours bien perspicace. Mais à qui faut-il faire confiance ? Quand faut-il se laisser submerger par les sentiments ? Pas évident de se débrouiller dans l’entrelacs des relations. Ce qui est intéressant aussi, c’est cette réflexion sur la démocratie. Un régime bien imparfait indubitablement : les pauvres ne peuvent se faire soigner à l’hôpital, ou se payer de l’air de bonne qualité et certaines zones sont hors droits. L’argent y décide de tout. Mais Bruna peut constater que les autres régimes ne valent pas mieux, voire sont bien pire. Dans ce monde en désolation, où l’eau, les animaux, les plantes ont quasiment disparu (ne restent que les méduses), les principes de l’amitié et de la démocratie peuvent guider une vie.
Mon premier billet sur le roman.

Parce qu'une partie du 1er roman se déroule au zoo,
G. Aillaud, Les Pingouins, 1972 Marseille, Mac.

Le Temps de la haine.
Le cher amour de Bruna, Paul Lizard, un commissaire de police, a été enlevé et est détenu par des terroristes – qui ont l’air d’être allié à un genre d’oligarque. Au cours de son enquête, elle aura l’occasion d’entrevoir un apaisement possible – pour elle qui est en fureur contre les humains qui fabriquent en série des réplicants sensibles, mais à la mort programmée.
J’ai été bien prise dans l’histoire même si le machin complotiste ne me plaît pas et a tendance à m’agacer. J’ai sans doute préféré le premier volume où l’on découvrait cet univers et qui avait plus de charme à mon goût. Je n’ai quand même pas lâché mon livre. J’apprécie particulièrement les personnages, notamment cette Bruna Husky, une androïde de combat beaucoup trop sensible.
Le billet de Keisha.

Les bottes de Bruna martelaient rythmiquement le trottoir. La rep sentit les dalles en polyciment sous ses semelles, et par-dessous elle crut percevoir le lit de cailloux, et encore en dessous le sable, les pierres, la roche, la masse incandescente de la Terre, la planète entière tournant lentement sous ses pieds, une boule habitée par un bouillonnement de milliards d’être sentants, s’acharnant tous à continuer de sentir. (…) Les êtres sentants oubliaient la mort et la douleur pour pouvoir vivre. Sauf elle. Bruna ne pouvait pas. Trois ans, trois mois et treize jours.

Une romancière

Puis-je le dire ? Je trouve les titres totalement nuls.


10 commentaires:

Ingannmic, a dit…

J'ai trouvé le 3e tome en bouquinerie juste avant le confinement, et je ne l'ai pas encore lu, du coup j'ai lu la fin de ton billet en diagonale. Je suis d'accord sur le fait que le 1er (par rapport au 2e, puisque j'en suis là) a l'avantage de la découverte.. et je te rejoins aussi sur les titres, avec leur connotation presque romantique qui ne reflète pas du tout l'esprit de l'oeuvre !!

nathalie a dit…

Romantique, tu es gentille. J'aurais dit gnangnan. Ce sont les titres espagnols, on ne peut même pas incriminer l'éditeur ! Et les titres se réfèrent à certains contenus du roman, donc ça se trouve c'est Montero qui les a choisis. Misère.

Ingannmic, a dit…

(je précise que "romantique" a pour moi une connotation assez désastreuse, entre "mièvrerie" et "insipidité"... je ne dois pas être romantique...) !!

nathalie a dit…

Ah vu comme ça, totalement !
Ces titres ne rendent pas compte de la profondeur du personnage.

keisha a dit…

Je n'avais pas remarqué cette histoire de titres (exact, ça fait référence à qq chose dans le texte) et j'ai vérifié, en espagnol ça a l'air pareil (j'ai fait allemand seconde langue)
Bah, pas grave, mais ces titres plus le côté SF, ça risque de détourner des lecteurs, et c'est dommage!

nathalie a dit…

Les titres ne font pas SF en plus. Je me souviens que le premier renvoie à un moment du roman où Bruna pense au film Blade Runner.

Dominique a dit…

une romancière que j'aime même si je n'aime pas tous ses romans

nathalie a dit…

J'ai beaucoup aimé celui qui se passe au Moyen Âge, le Roi transparent je crois.

Sharon a dit…

Merci pour ta participation !
J'ai enfin mis à jour le récapitulatif.

nathalie a dit…

Normalement, encore deux autres billets !