La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 21 novembre 2020

Abbatiale Sainte-Foy de Conques

Cette semaine et samedi prochain, je vous propose de passer quelques heures de calme et de beauté à Conques (avant de reprendre le train et de retrouver le traintrain quotidien de ce mois de novembre interminable).

L’abbatiale Sainte-Foy de Conques est classée à l’Unesco pour son universelle beauté. Un village perché au milieu de la verdure, dans un endroit reculé. Une magnifique abbatiale romane. Le superbe tympan du Jugement dernier. Les pèlerins sont toujours là, les moines aussi, même s’ils ont été rejoints par les touristes.
Aujourd’hui, l’abbatiale et son fabuleux tympan.

Dans cet endroit très reculé, un ermitage chrétien s’est installé très tôt, vite devenu une abbaye. Mais pour se développer, une bonne abbaye a besoin de reliques. À la fin du IXe siècle, suite à une histoire digne des grands romans d’espionnage, un moine de Conques parvient à dérober les reliques de sainte Foy dans une église d’Agen. Le corps de la petite martyre est acheminé à Conques et hop, les miracles apparaissent. La fortune de l’abbaye est faite (à quoi on peut reconnaître une vraie sainte). Les pèlerins arrivent en masse et Conques devient une vraie petite ville (3000 habitants en 1341), d’autant qu’il s’agit d’une étape sur la route de Saint-Jacques de Compostelle.


L’église actuelle est romane. Les travaux commencent au XIe siècle et s’achèvent au XIIIe. Son plan est celui d’une église de pèlerinage typique avec un déambulatoire à chapelles rayonnantes, des bas-côtés dans les transepts et un chœur échelonné (même s’il a fallu s’adapter à la forte pente du terrain). Tout est fait pour faciliter la déambulation de la foule des tourist des pèlerins sans déranger les moines. Il est possible de tourner autour des reliques de Sainte Foy conservées dans le chœur.



On note aussi des chapiteaux sculptés situés dans des endroits inaccessibles et un cloître dont il ne reste plus grand-chose. Les tours avec leurs contreforts puissants ont été surélevées et achevées au XIXe siècle.  Ici encore Prosper Mérimée a joué le rôle de sauveur.
À noter les vitraux réalisés par Pierre Soulages dans les années 1990. Très sobres, ils savent se faire oublier. Leur couleur varie avec la lumière et ils sont véritablement au service de l’édifice.
Et maintenant, le tympan !
J’ai découvert ce tympan lors d’un de mes premiers cours d’histoire de l’art en tant qu’étudiante (c’était donc au XXsiècle). Je l’ai aussi enseigné (il y a une dizaine d’années). Je suis très heureuse d’avoir enfin pu l’admirer.

 

Nous voyons donc une Parousie (= seconde venue du Christ sur terre) et un Jugement dernier. Le tympan est constitué de 24 blocs calcaire. De nombreuses inscriptions latines structurent l'espace. Et on distingue bien les restes de peinture. 

En bas : nous voyons le Paradis, le limbe des Patriarches et l’Enfer. En Enfer, les péchés différents capitaux donnent lieu à des punitions associées.

Au niveau intermédiaire, le Christ assis en majesté, en train de juger, et entouré d'une mandorle. D'un côté les Élus et de l'autre les pêcheurs.

Des anges tout en haut, sonnent dans les trompettes et portent la Croix. Cela fourmille. Les personnages sont très nombreux et évidemment on passe un temps fou à les regarder !


Des détails de l'Enfer et des pêcheurs... toujours plus d'animation que de l'autre côté !

Le Paradis, avec ses petites arcades bien rangées, ressemble à la Jérusalem céleste. Au centre, Abraham portant deux petits enfants (le sein d'Abraham). Juste au-dessus, coincés entre deux niveaux, on voit à droite la Résurrection des morts avec tout le monde sortant de son cercueil et à gauche, agenouillée devant la grande main de Dieu, la petite Sainte Foy.

Nous sommes juste sous les pieds du Christ. Vous voyez la porte du Paradis qui accueille deux Élus. De l'autre côté, Léviathan fait office de gueule de l'Enfer et on y enfourne un damné. Juste au-dessus, un démon et Saint-Michel s’affrontent autour d’une balance pour la pesée des âmes. Évidemment, le démon essaie de faire pencher le plateau de son côté.


Avant d'entrer, n'oubliez pas les anges curieux coincés dans les voussures de l'archivolte. Ils vous regardent et ils sont très célèbres.

Et voilà ! Bon, comme Conques est très beau, la semaine prochaine je vous montre des photos du village, histoire de rêver encore un peu. Non, je ne veux pas revenir de vacances !


10 commentaires:

  1. Je ne connaissais que les vitraux (très beaux). Tu n'as pas eu de torticolis, au fait? ^_^ Prévoir des jumelles?
    Ceci étant, je suis épatée par la hauteur et l'élégance de la nef romane

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    1. Nous n'avions pas de jumelles, elles peuvent être utiles pour admirer les chapiteaux des tribunes. Pas du tout nécessaire pour le tympan, qui n'est pas très haut.
      Je ne sais pas si la nef est si haute, mais elle est très bien proportionnée et la lumière y est très belle.

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  2. Comme c'est beau ! Merci pour le partage et bon weekend !

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    1. C’est un endroit magnifique ! À l’atmosphère si particulière.

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  3. merci à toi pour cette balade si pleine d'érudition et de belles photos
    j'imagine que tu as du être ravie de voir enfin les oeuvres que tu as du étudier et enseigner
    j'ai suivi pendant quelques années les conférences d'un historien d'art dans le cadre de l'université pour tous, c'était passionnant et je me régalais après coup de découvrir les oeuvres sur écran mais la réalité est tellement plus réjouissante
    une jolie façon de faire avancer plus vite ce mois détestable

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    1. Oui c’est très particulier de voir enfin en vrai quelque chose que l’on connaît très bien pour l’avoir étudié sous toutes les coutures. Je suis très heureuse d’avoir vu Conques, qui me semblait si inaccessible il y a quelques années.

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  4. Que j'aime le roman aussi ! Cette abbatiale est magnifique et tes photos nous font découvrir des merveilles .. et des détails, ces petits anges cachés, pleins d'humour !

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    1. C'est un chef d'oeuvre, on ne s'en lasse pas. On y est resté un certain moment.

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  5. Merci pour cette visite virtuelle!

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