La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 20 mai 2021

Je crois que si j’allais au ciel toutes les étoiles seraient éteintes quand j’y arriverais.

 Selma Lagerlöf, Les Reines de Kungahälla, parution originale 1899, traduit du suédois par Régis Boyer, édité en France par Rivages.

 

Au début du livre, un visiteur marche dans la verdure. Il ne reste rien de la grande ville de Kungahälla. À part peut-être une grosse pierre couverte de gravures et de lichens. Et ensuite il y a 5 histoires, 5 nouvelles, sur l’histoire légendaire de la cité disparue.


C’était une masse confuse d’arbres qui luttaient les uns contre les autres pour avoir de l’air et de la lumière. Des arbres se bousculaient et luttaient, des arbres se recroquevillaient et étaient accablés par le poids d’autres arbres. Des arbres s’insinuaient sur les branches des autres. Des arbres luttaient et rivalisaient comme si ç’avait été des hommes.


De façon amusante, la première histoire part des Romains. Mais il est aussi question d’une nature fabuleuse, d’un élan, d’une princesse. Car il s’agit à chaque fois de l’histoire d’un couple royal, d’un mariage qui doit apporter la paix à une contrée dévastée, d’un mariage qui doit soutenir le christianisme et renvoyer les trolls chez eux. Plus que tout, il y a des signes magiques. La nature se met au diapason des cœurs humains et envoie des indices à qui sait les lire. Et pourtant, il y a des substitutions d’épouse, sans que l’on sache toujours laquelle est la bonne et laquelle est la méchante, puisque, tout simplement, ce qui compte ce sont les actes et les décisions ! Il est possible de tout racheter ou de tout rater en tournant son cheval d’un côté ou de l’autre.

J’ai apprécié le climat onirique de cet univers médiéval, mal situé dans le temps. C’est un temps et un lieu frontière, entre Suède et Norvège, entre paganisme et christianisme, entre la forêt et la ville, très viking, mais déjà plus tout à fait. C’est un passage.

Manuscrit, Deux diables perturbant la conception de la Vierge Marie repoussés par des anges, Passion de Valenciennes, 1577 BNF
Il y a aussi des portraits pleins d’humour, notamment de notre jeune Romain, une Astrid esclave qui conquiert sa liberté et son bonheur, une princesse pleine de noblesse, une autre qui est sacrifiée.

Il y a plein de détails concrets sur les animaux et les objets. 

Le récit, comme un conte, est mené avec une voix souriante. C’est un plaisir de lecture. 

 

Mais il n’était pas facile de faire taire Rasmus, le gamin charbonnier. Il reprit de plus belle : « La princesse arrive. J’ai entendu gazouiller les oiseaux taciturnes de la forêt de pins pour la saluer. Là où elle passait, l’écureuil se laissait glisser de la cime de l’arbre et restait immobile sur la plus basse branche, la queue toute droite et les yeux comme des charbons ardents. Et le grand coq de bruyère s’envolait parmi les arbres, en grondant comme le tonnerre ! »

 

Et la dernière histoire est trop triste et c’est trop scandaleux, je ne suis pas d’accord !

 

Une autrice.

Merci Magali pour la lecture ! Le billet de Lili Galipette.





6 commentaires:

  1. une auteure un peu trop oubliée mais j'ai l'impression que les rééditions se font plus nombreuses aujourd'hui
    je ne connais pas du tout ce récit là par contre, noté !

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    1. Oui j'ai vu plusieurs livres en librairie, mais apparemment c'est le 1er que je lis d'elle !

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  2. Tu m'avais déjà convaincue au premier paragraphe, mais la lecture de ta dernière phrase a parachevé ton oeuvre. Je n'ai encore rien lu de Selma Lagerlöf, même pas le fameux merveilleux voyage!

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    1. Moi non plus figure toi. En revanche il y avait un bon documentaire sur elle sur Arte au printemps et ça m'a donné envie de la lire.

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