La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 3 juillet 2021

Netley abbey

 Henri VIII a beaucoup fait pour le tourisme en Angleterre (peut-être pas autant que Guillaume le Conquérant, mais un bel effort quand même). Il y a ses résidences, les résidences de ses femmes, mais il y a aussi les abbayes en ruine.

Rappel historique : Au départ, le roi, comme toute l’Angleterre, est catholique. En 1527, le pape refuse d’annuler son mariage avec Catherine d’Aragon. De façon générale, le roi désirait certainement limiter drastiquement l’influence du pape sur l’Angleterre. Henri VIII prend plusieurs décisions qui mettent en place l’Église d’Angleterre, une église bien contrôlée par le roi. Et il est excommunié. Il y eut aussi des histoires financières : les ordres religieux payaient un tribut à Rome, tribut qui fut transféré à la Couronne royale. À partir de ce moment, les possessions des différents couvents deviennent un enjeu important. À partir de 1536, les monastères sont dissous. Leurs biens furent affectés à une nouvelle classe de propriétaires terriens, tout à fait reconnaissante et fidèle (vous savez, la gentry). Cette opération a permis de bien consolider les finances royales.


C’est ainsi que le pays se couvrit d’abbayes transformées en manoir et petits châteaux et de pittoresques abbayes en ruines.

C’est le cas de Netley abbey où nous nous rendons aujourd’hui.

Il s’agit d’une ancienne abbaye cistercienne, située pas loin de Southampton. Elle a été fondée en 1239 et fermée en 1536. Henri VIII l’attribua au marquis de Winchester, dont la descendance transforma l’abbaye en petit château Tudor.

Je cite Wikipedia :

“He converted the nave of the church into his great hall, kitchens and service buildings, the transepts and crossing became a series of luxurious apartments for his personal use, the presbytery was retained as the chapel of the mansion. The monks' dormitory became the long gallery of the mansion and the latrine block became several grand chambers. He demolished the south range and refectory and built a new one with a central turreted gatehouse to provide the appropriate seigneurial emphasis needed for a classic Tudor courtyard house. He likewise demolished the cloister walks to make a central courtyard for his house and placed a large fountain in the centre. The precinct buildings were demolished to create formal gardens and terraces.”

 

Malgré tout, l’endroit n’est plus habité dès la fin du XVIIe siècle. L’abbaye s’achemine doucement vers son destin de ruines romantiques. Elle commence à attirer les visiteurs dès la seconde moitié du XVIIIe siècle. Curieux, hommes de lettres, artistes… le goût pour le Moyen Âge a commencé en Angleterre, ainsi que la poésie des ruines. Tous les grands et petits romantiques sont venus ici.

Évidemment, Jane Austen aussi ! Ce que je vous raconte vous rappelle peut-être son premier roman, Northanger Abbey, même si la romancière a visité plusieurs lieux de ce genre. C’est à cette époque que l’on décide de détruire les ajouts Tudor pour retrouver l’aspect médiéval authentique (l’authenticité des ruines, on peut en faire tout un poème).

 




Est-il utile de dire que c’est un endroit charmant, très agréable à visiter ? C’est tranquille, c’est vert, c’est pittoresque, il y a des oiseaux et pas grand-monde.

L’endroit est gratuit et libre d’accès. On peut y aller en train depuis Portsmouth.


ADDENDUM : J'ai eu ma seconde opération du front cette semaine. Tout s'est très bien passé. Normalement à la fin des fins j'aurai une mince ligne verticale à la place du grand trou et en plus les sourcils seront à la même hauteur (le luxe). En attendant, j'ai des faux airs de fiancée de Frankenstein avec ces cicatrices fraîches, cette peau tirée dans tous les sens - je devrais peut-être lire un truc horrifique.

 

6 commentaires:

Dominque a dit…

j'adore tes photos
je lis en ce moment un pavé, et même pire qu'un pavé : l'histoire universelle des ruines, si j'arrive au bout des 600 pages cet été je ferai un billet et je viendrai bien t'emprunter tes photos pour illustrer je me régale avec le livre ET avec tes photos

nathalie a dit…

Pique toutes les photos que tu veux !
On m'a offert ce livre pour mon anniversaire et j'ai hâte de le lire, mais ce sera peut-être pour après mon déménagement. En attendant je lirai ton billet comme une introduction.

keisha a dit…

Histoire universelle des ruines? Je veux ça!
Je pensais, en Angleterre, ils n'ont pas eu de Violet le duc?

nathalie a dit…

Tu ne pourras louper le livre, c'est un mastodonte !

Quant au Viollet anglais... mais je n'en sais rien du tout ! Je pioche dans mes souvenirs.
Ce qui est sûr, c'est que le calendrier anglais est différent du nôtre : la redécouverte du Moyen Âge y a débuté plus tôt, dès le XVIIIe (pour cela qu'en France cela a commencé en Normandie, avec un essor pendant la Révolution et surtout après la chute de Napoléon, avec la fin du blocus). Par exemple, Horace Walpole (mort en 1797) est l'auteur de romans gothiques et a conçu sa maison comme un machin néogothique (j'adorerais la visiter). Il y a presque un siècle d'écart. Les publications sur le Moyen Âge sont bien plus anciennes au UK mais je ne sais pas si le mouvement de restauration et de protection de bâtiments est concomitant. Faut vraiment que je lise l'ouvrage de Schnapp !

Passage à l'Est! a dit…

Hmm, voilà qui est bien sympathique. Si tu arrives à te hisser jusqu'au Yorkshire, je te recommande aussi Fountains Abbey, qui est somptueuse et avec une histoire probablement similaire.
Je suis contente de lire que ton front reprend forme petit à petit mais je suis désolée de voir que tu es finalement si conformiste lorsqu'il s'agit de l'alignement des sourcils.

nathalie a dit…

Le chirurgien a dit "avoir les sourcils à la même hauteur c'est important", je ne lui avait rien demandé, mais bon, c'est lui qui est aux manettes n'est-ce pas.
Un jour le Yorkshire, un jour !!!! Hâte de retourner en Angleterre.