La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 30 mars 2023

Yulia a eu des nouvelles de son père, il est vivant.

  

Igort, Les cahiers Ukrainiens. Journal d’une invasion, traduit de l’italien par Laurent Lombard, parution originale 2022, édité en France par Futuropolis.

 

Igort est auteur de BD italien et dans cet album il rassemble les témoignages, rassemblés au téléphone ou par mail, sur la guerre en cours en Ukraine.

On raconte comment on vit en recueillant l’eau des radiateurs, comment on se serre pendant les bombardements, comment on parvient à fuir et à échapper aux soldats russes, comment on n’a pas de nouvelles, comment on ne sait pas quoi faire, comment le monde devient cauchemar.

Il y a aussi des rappels historiques (grande famine en Ukraine, Seconde guerre mondiale, Crimée et Donbass) et beaucoup de choses sur la Russie (c’est très intéressant) : le choix d’envoyer de jeunes hommes non moscovites massacrer et se faire massacrer, le sous-équipement de l’armée russe, la propagande haineuse de la télévision russe, la destruction de la Tchétchénie, le délire du tyran.

Cet album me paraît très réussi, car il alterne ces passages explicatifs et historiques et les témoignages bruts et actuels, si difficiles à lire et complètement poignants. De même, le dessin varie, très clair et pédagogique, se faisant plus fantastique pour peindre la détresse de ceux qui deviennent fous de peur ou de douleur.



J’ai retrouvé en le lisant les émotions qui me saisissent encore régulièrement le matin, quand j’écoute la radio au réveil, et qu’au milieu des préparatifs pour ranger la vaisselle et nourrir les oiseaux, il faut écouter toute l’horreur du monde. Il y a un an, ce mois des blogs en Europe de l’Est avait pris une atmosphère particulière, tragique. Cette année, nous y sommes encore. Je découpe des articles dans les journaux et je les range dans mes livres. La coïncidence entre la littérature et la réalité est parfois frappante : je repense à ces russes qui peignent des bancs publics en bleu et jaune ou ou qui placent des petites étiquettes « non à la guerre » à la place des prix dans les magasins et qui ont été emprisonnées et j’ai rangé les articles qui en parlent au milieu des pages de La Convocation.

 


Il y aura une dernière participation, oui, en avril.


6 commentaires:

keisha a dit…

J'ai terminé ce mois, mais bon, une BD je ne dirai pas non...

Dominique a dit…

sujet plus que sensible en BD c'est une bonne idée

nathalie a dit…

BD récente et d'actualité... un petit tour à la bibli ?

nathalie a dit…

Oui, c'est un peu moins éprouvant, surtout avec l'alternance de ces passages.

Patrice a dit…

Oui, c'est une façon vraiment originale d'aborder cette guerre, merci d'avoir partagé ce titre !

Nathalie a dit…

La lecture de la BD m’a vraiment ramenée à ces jours où je lisais les journaux dans la cuisine. Ressenti très proche.