L’Épicerie du monde. La Mondialisation par les produits alimentaires du XVIIIe siècle à nos jours, ouvrage collectif sous la direction de Pierre Singaravélou et de Sylvain Venayre, 2022, chez Fayard.
J’avais lu Le Magasin du monde, une histoire de la mondialisation par les objets, et j’avais trouvé ça très intéressant. On m’a offert celui-ci, sur l’alimentation.
Il est peut-être moins inattendu et cependant très riche. Je connais un peu plus de choses sur le sujet, entre les livres d’histoire et de cuisine et la popularité du sujet. L’ouvrage collectif rassemble des articles de 4 pages sur tout ce qui se mange ou se boit sous le soleil (ou la pluie). Je trouve que cela marche bien pour les ingrédients ou les aliments simples (les sardines à l’huile, les loukoums), mais j’ai l’impression que quand il s’agit des plats (le curry) le discours se noie dans une sorte de bouillie mondialisée.
Connu d’abord sous le nom de tafia et de guildive, le rhum est sans doute né des pratiques de résistance contre l’oppression des propriétaires européens dans les plantations antillaises. Les esclaves ont pris l’habitude dès le XVIIesiècle de récupérer la mélasse, le résidu visqueux de la fabrication du sucre de canne, pour en extraire de l’alcool. Lequel devient dès lors un creuset de sociabilité pour les populations d’origine africaine.
Je note quand même que de très nombreux articles commencent par une référence à une des expositions universelles du XIXe siècle, étape indispensable par laquelle un pays ou une région du monde se présente et se fait connaître, en diffusant une recette… recette bien à soi, mais cependant adaptée aux palais des autres. C’est aussi une histoire de l’industrie agroalimentaire, telle qu’elle se met en place à partir de la révolution industrielle (la conserve, le lait pasteurisé, les granulés pour les animaux, les colorants alimentaires), avec la création de grandes firmes internationales ou la croissance d’industries familiales devenues petits empires.
On découvre : comment Thomas Jefferson a introduit la machine à fabriquer les macaronis aux États-Unis ; le café en Éthiopie ; l’épopée de la chicorée ; le yaourt bulgare ; le légendaire Christmas pudding, la guerre du houmous (déjà croisée dans un livre de cuisine) … sans oublier un article étonnant consacré au glaçon. Et puis le couscous a été mentionné par Rabelais. D’ailleurs certains aliments familiers révèlent de lointaines origines étonnantes.
Fouace, Nature morte au roquefort, 1885 Cherbourg Le roquefort a droit à un article très intéressant, figurez-vous. |
En 1845 paraît le livre de cuisine d’Eliza Acton, Modern Cookery, in All Its Branches. Véritable best-seller en Angleterre, réédité tout au long du siècle, il est l’un des premiers à présenter au public anglais des recettes de cuisine indiennes, ou plutôt des recettes utilisant des ingrédients indiens ajustés au goût anglais, qui rencontrent une grande popularité dans la première moitié du XIXe siècle.
Sur ce sujet, une émission de radio à réécouter.
Un livre qui a déjà rejoint ma cuisine !
Oui, c'est vrai, il y a un côté rangement/bibliothèques dans les cuisines... Pas sûr quand même que je me jette sur cette lecture tout de suite!
RépondreSupprimerEn picorant, elle t'intéresserait certainement !
Supprimerle livre m'intrigue et en même temps ton article me fait rire, Jefferson et les macaronis je ne m'en remets pas
RépondreSupprimerAh il y a des choses très étonnantes comme cela, c'est un peu le bazar de la mondialisation d'une certaine façon.
Supprimerécouté l'auteur ce matin : podcast France Culture à proposa de l'énorme somme Colonisations
RépondreSupprimerOui Singaravelou est un des deux coordinateurs de ce livre. En revanche Colonisations ne m’intéresse pas tellement.
SupprimerJe note "Le magasin du monde" et vais écouter cette émission.
RépondreSupprimerLe "Magasin" m'a paru plus original en effet. J'en parlais hier soir avec une amie qui a été fascinée par l'article shampooing et par toutes les chaussures traitées !
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