Le Magasin du monde. La mondialisation par les objets du XVIIIe siècle à nos jours, sous la direction de Pierre Singaravélou et Sylvain Venayre, 2020, Fayard.
Parce que les objets les plus quelconques peuvent raconter une histoire de la mondialisation, 90 historiens racontent l’aventure des choses qui nous entourent. Vous ne regarderez plus votre [insérez ici l’objet de votre choix] comme avant.
Quatre pages par objet, c’est un peu court et frustrant, même si c’est la règle, d’autant qu’il n’y a pas d’illustration, mais l’ensemble est très intéressant et surprenant. Du silex biface au masque prophylactique, les inventions humaines circulent de territoires en territoires, se transforment, s’approprient, sont revendiquées, rejetées ou imitées. Il est question de routes commerciales, de conquêtes militaires, de nouvelles matières premières, d’inventions surprenantes, de déplacements de populations. C’est très instructif et amusant.
La mode des tables tournantes est l’un des tout premiers américanismes de la culture européenne.
Il y a plein de choses dans ce volume. Le banjo et son trajet depuis son berceau d’origine, l’Afrique de l’Ouest, jusqu’aux plantations américaines. Le mystérieux shampoing qui n’est pas né tout armé dans nos salles de bain, mais qui a tout à voir avec la conquête britannique de l’Inde. Vous découvrirez que Jack London n’a peut-être pas le rôle prépondérant qu’on lui attribue dans la popularisation du surf. Le piano, son rôle dans la culture victorienne, dans l’éducation des jeunes filles et dans l’extinction des éléphants. Le hamac, des peuples amérindiens jusqu’à la Nasa. Et vous saurez tout sur le cartel de l’ampoule électrique !
Saviez-vous que la banderole des manifestations était née grâce aux suffragettes ?
Chaque article donne lieu à une petite bibliographie pour en savoir plus et à un système de renvois tout à fait malicieux. Mais pourquoi donc l’article « bidet » renvoie-t-il vers le « sextoy », mmm ? Et… pourquoi ce renvoi vers la « bougie » depuis l’article « sextoy » ? 🤔😳☺️
Veste et pantalon sont du même tissu, selon une tradition venue d’Angleterre. Le complet-veston est garni d’une vingtaine de poches pour y glisser argent, papiers et stylos-plumes, et s’accompagne d’accessoires : une cravate Windsor, un chapeau et des chaussures en cuir ciré. Sa sobriété incarne la « grande renonciation » de la mode masculine, pour reprendre l’expression du psychanalyste Flügel, et porte une morale qu’on croit protestante. Gris, bruns ou bleus – le noir tache et se fane – sont respectables, tandis que la blancheur de la chemise témoigne d’une bonne hygiène intime.
C'est un livre dans la lignée du Chapeau de Vermeer. Merci Estelle pour la lecture !`
Anonyme hollandais, Intérieur d'un magasin vendant des chinoiseries, 1700. V&A |
Mais cela m'a l'air tout à fait à lire!!!
RépondreSupprimerC'est de la bonne vulgarisation. Il y a des sujets où on aimerait un approfondissement et d'autres où c'est bien suffisant.
Supprimerun sujet très sérieux et certainement intéressant, moi je suis plongé dans le Japon et la philo
RépondreSupprimerChacune son dada ! Je ne suis pas du tout philo.
SupprimerAmusant. J aime bien cette petit histoire qui souvent complète bien la grande
RépondreSupprimerJe pense aussi que cela peut nous aider à mieux connaître l'arrière plan matériel de certains romans du XIXe siècle. Je pense au piano par exemple, si important dans tous les romans bourgeois. Ou à certaines pièces du costume (le ruban dans les romans antérieurs à la Révolution et du début du XIXe par exemple). On peut mieux comprendre certains comportements ou enjeux sociaux.
SupprimerJ'avais envie de te demander si le livre fait partie de ces objets, mais je suppose qu'il est déjà très étudié donc plus banal?!
RépondreSupprimerIl est plus étudié et puis l’histoire de son expansion a peu à voir avec la mondialisation des XIXe XXe siècles. Inventé au 1er siècle, et le papier s’est répandu pendant le Moyen Âge et la Renaissance. Alors que les objets choisis dans le livre racontent une histoire de la mondialisation. Même le biface, inventé à la fois au Paléolithique et au XIXe avec l’abbé Breuil.
SupprimerIl ne s’agit pas de l’histoire de tous les objets du monde.