Jean Lurçat

 

Jean Lurçat (1892-1966) est un artiste français, notamment connu pour ses créations de tapisserie (mais il a aussi peint et créé des modèles de céramiques).

Il fait partie de ceux qui, à partir des années 40 et après-guerre, redonneront un élan à la tapisserie française. Il crée des cartons (des modèles) mais ne tisse pas lui-même. Il travaille notamment avec la manufacture de Beauvais et celle d’Aubusson.

Le monumental programme du Chant du monde est au cœur du musée de la Tapisserie à Angers (installé dans un ancien couvent). Un cycle immense que Lurçat commence en 1957 et qu’il laisse inachevé à sa mort. Il se lance dans ce vaste programme suite au choc de la découverte de la Tapisserie de l’Apocalypse du château d’Angers (juste de l’autre côté de la Maine).

 

De la mort et de la bombe d’Hiroshima jusqu’à l’harmonie de la création, la conquête spatiale, l’intelligence humaine, la paix et la poésie.

Lurçat a laissé un texte pour parler de ce cycle. Vous pouvez vous y référer sur la page Wikipedia. Évidemment je ne l'ai pas lu.

Une explosion initiale qui frappe le grand taureau (il me fait penser à ces bisons préhistoriques qui ornent le plafond de la grotte d'Altamira). Une sorte d'arche de Noé, qui ressemble beaucoup à un cabinet d'amateur (sujet traité par ailleurs par Lurçat) abrite la faune et la flore et l'être humain qui est au gouvernail.

J'aime bien ces silhouettes blanches sur fond noir, je les trouve très réussies.

La deuxième tapisserie est celle de la mort, mais je trouve très élégants ces traits blancs, tout cela est stylisé et me plaît. Toutes les créatures se décomposent sous terre, mêlées dans un même destin, celui du l'humus, de la décomposition et de la recomposition qui permet la vie.

J'ai un peu loupé les panneaux du milieu mais je note cette très belle plante nocturne, enracinée sur le noir et le blanc. C'est une renaissance. J'aime beaucoup le jeu des couleurs.

Ensuite, une myriade de papillons lancent des fils de vie colorée. Ils sont éclatants, un bouquet de fleurs, un semis d'étoiles. Où l'on voit que le fond noir magnifie vraiment la couleur.

Une grande tapisserie cosmique ! (N'oubliez pas qu'il s'agit de coton et de laine !). À gauche le noyau terrestre traité en strates géologiques et chronologiques. Sur le pourtour les plantes et puis les océans. Et puis un grand élan vers l'espace et la Voie lactée, Saturne la Lune et les étoiles.

On en mangerait de cette Lune...

Place aux signes du zodiaque (ma foi, pourquoi pas). Le bélier est très bien.

Si vous passez par Angers, je vous conseille vivement la visite du château pour la Tapisserie de l’Apocalypse (peut-être un billet à venir), celle du musée des Beaux-Arts et celle du musée de la Tapisserie contemporaine, qui met Lurçat à l’honneur ainsi que d’autres créateurs. J’ai quand même un regret notable : alors que manifestement les liciers sont majoritairement des licières, on ne sait pas grand-chose d’elles et de leur métier. L’accent est uniquement mis sur le grand créateur de modèles, comme une figure isolée et géniale (alors que son premier carton a été tissé par sa mère !). C’est un peu frustrant. On oublie trop souvent que certaines oeuvres d'art (la plupart en réalité) son des oeuvres collectives.

C'est le dernier billet monographique. Une nouvelle saison touristique débutera dans deux semaines.