Thomas Pynchon, Vice caché, traduit de l’américain par Nicolas Richard, Paris, Seuil, 2010 (2009).
Il s’agit du dernier roman traduit de Pynchon, un vrai moment de bonheur.
C’est une sorte de roman policier : nous sommes à Los Angeles dans les sixties, un promoteur immobilier a disparu avec l’ex-petite amie d’un privé un peu bizarre, nommé Doc. Ce dernier est rapidement soupçonné d’avoir assassiné un garde du corps dudit promoteur avant que l’enquête ne se tourne vers une goélette transportant de la drogue, divers trafics financiers et le rôle trouble d’agents du FBI ou de la CIA. Cela vous rappelle quelque chose ? Vous avez lu ça sous la plume d’Ellroy peut-être… On retrouve les mêmes mais dans une version loufoque et délirante, qui ne se prend jamais au sérieux. Doc fume joint sur joint, porte chemise à fleurs et cheveux longs. Le flic, Bigfoot (car il ouvre les portes à coups de pied), voit des rouges partout, ne supporte pas les hippies et voudrait jouer les héros à la télé, tous les soirs. Le promoteur immobilier veut se construire une retraite dans le désert et le FBI est de mèche avec les tenanciers de casino de Vegas. Un dentiste véreux, des bars, des vieilles voitures, des groupes de rock, une foule de personnages plus allumés les uns que les autres et l’action ne s’arrête jamais. Comme une ronde trépidante… et hilarante.
Denis revint avec sa pizza. « J’ai oublié ce que j’avais commandé comme garniture. » Ça arrivait au Pipeline tous les mardis, les Soirs Pizza Pas Chère, où la pizza de n’importe quelle taille, avec la garniture complète, coûtait en tout et pour tout 1,35 $. Denis était maintenant assis à regarder celle-ci intensément, comme si elle s’apprêtait à faire quelque chose.
« Ça c’est un morceau de papaye », supposa Slim, « et ça… c’est de la couenne ? »
« Et du yaourt aux mûres de Boysen sur la pizza, Denis ? Franchement, berk. » C’était Sortilège, qui avait travaillé au bureau de Doc avant que son petit copain Spike revienne du Vietnam et qu’elle décide que l’amour était plus important qu’un boulot alimentaire, ou c’est en tout cas ce que Doc croyait se rappeler des explications qu’elle lui avait fournies. Elle était douée pour autre chose, de toute façon. Elle était en contact avec des forces invisibles et pouvait diagnostiquer et guérir toutes sortes de problèmes, affectifs et physiques, ce qu’elle faisait presque tout le temps à l’œil, mais dans certains cas elle acceptait de l’herbe ou de l’acide à la place du cash. D’après ce que Doc en savait, elle ne s’était jamais trompée.
Ça me semble parfaitement convenir comme littérature pour un début de printemps, plutôt une fin d'hiver , et une déprime larvée qui se déguise en rhume, en allergie, en petit mal pas très haut heureusement.
RépondreSupprimerAh oui, c'est joyeux et ensoleillé, au son des musiques de cette glorieuse époque. Je suis en train péniblement de sortir de moi et de ma tristesse, donc je confirme. Je peux même te le prêter.
RépondreSupprimerJe l'ai commandé après cet article de Nath - en anglais! Alors on verra si ça marche aussi pour celles qui ne sont pas déprimées....
RépondreSupprimerMerci Eva. Je suis très fière de mes conversions.
RépondreSupprimerIl me semble que les Carmadou avaient comparé cet auteur à Salinger (pour le côté ours !) et je suis ravie de découvrir un billet enthousiaste sur cet auteur, je le note !! Nathalie, va prier pour ma LAL à Notre-Dame-de-la-Garde, merci !!^^
RépondreSupprimerOui, il est coupé du monde, refuse toute photo et interview. Heureusement, il ne détruit pas ses manuscrits, lui, et publie un livre par an à peu près. Ce n'est que mon deuxième Pynchon et je ne compte pas en rester là. Pour la prière, j'essaierai d'y penser (sinon il y a Sainte Rita pour les causes désespérées...) !
RépondreSupprimerje n'ai pas lu pynchon et j'espère le faire un jour .
RépondreSupprimeril faut un peu de temps devant soi pour certains car il aime un peu les gros volumes
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