La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



dimanche 19 juin 2011

Le lecteur doit avoir connu la volupté des larmes, avoir senti la douleur muette d’un souvenir qui passe légèrement.

Honoré de Balzac, Madame Firmiani, 1831.

Une nouvelle de Balzac très agréable à lire. Mais je trouve que Balzac réussit bien la courte distance, souvent plus simple et touchant que dans les œuvres de grande ampleur.
Les 7 premiers pages sont faites pour exciter la curiosité du lecteur à propos de cette Madame Firmiani, en nous livrant à son propos des opinions diverses, opposées et toutes fausses : une riche veuve, une coquette, une vraie vertueuse, une belle, une laide… Balzac s’en prend à la médisance et à la rumeur malveillante. Nous sommes tous comme des planches lithographiques dont une infinité de copies se tire par la médisance. Puis, sans transition, nous passons chez monsieur de Bourbonne, un propriétaire terrien, un tourangeau qui bâtit sa fortune sur les peupliers. On revient toujours à la Touraine… Monsieur de Bourbonne est inquiet, il vient d’apprendre par quelque cousin habile, que son neveu unique, son cher Octave, a perdu toute sa fortune, à cause d’une femme. Monsieur de Bourbonne se rend à Paris et rencontre successivement la dame Firmiani et Octave, réduit à donner des cours de mathématiques et à vivre dans un mauvais grenier. Il aura le fin mot de l’histoire et nous aussi.
Une nouvelle qui se lit très vite, simple dans sa description des caractères, qui m’a rappelé les romans de Sand : le portrait d’une famille, la pureté de mœurs, la condamnation de la mondanité.


Monsieur de Bourbonne ne ressemblait point à un oncle du Gymnase. Ancien mousquetaire, homme de haute compagnie qui avait eu jadis des bonnes fortunes, il savait se présenter courtoisement, se souvenait des manières polies d’autrefois, disait des mots gracieux et comprenait presque toute la Charte. Quoiqu’il aimât les Bourbons avec une noble franchise, qu’il crût en Dieu comme y croient les gentilshommes et qu’il ne lût que la Quotidienne, il n’était pas aussi ridicule que les libéraux de son département le souhaitaient.


Une lecture commune avec Mazel, Marie, Martial qui a depuis fermé son blog, Rotko. Vous pouvez trouver le texte ici. Balzac fait ressembler Madame Firmiani à une héroïne d'Ingres, vous avez donc le Portrait de Madame Moitessier, 1856, National Gallery de Londres, image WGA.


Et une première pierre au Challenge Balzac !


5 commentaires:

Anonyme a dit…

Je note, je note et vais fouiller dans mes livres de Balzac, car il me semble que celle s'y cache !

nathalie a dit…

Sinon on peut télécharger le texte sur internet (gratuitement) en suivant le lien que j'ai indiqué. La nouvelle se lit en une petite demi-heure, parfait pour prendre le café par exemple !

Marie a dit…

Merci pour ce beau billet... et le choix de ce superbe tableau qui s'harmonise bien avec la nouvelle!

epopee-litteraire a dit…

Ah, c'est bien le même article que j'ai trouvé chez Martial ! Je suis tombé ici par hasard, comme sur tous les blogs littéraires. Merci pour cette lecture commune, j'aime beaucoup Balzac et je ne connais que très peu de nouvelles. Comme je l'ai déjà recommandé à Martial : Le chef d'oeuvre inconnu est une nouvelle déroutante mais menée à la perfection par ce génie de la littérature. Il y a-t-il d'autres nouvelles à venir ?

nathalie a dit…

Épopée-littéraire : Merci du passage et bienvenu !
Je connais bien Le Chef d'oeuvre inconnu (je l'ai fait étudier) et a priori je n'avais pas prévu d'en parler, mais on sait jamais, ça peut me prendre. Comme tous les écrivains du XIXe, Balzac a fait beaucoup de nouvelles. Le volume du Chef d'oeuvre inconnu en folio en regroupe plusieurs d'ailleurs. Je ne sais pas encore de quoi je parlerai à propos de Balzac, je verrai bien.