La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mercredi 6 juillet 2011

Mr. Paul Somerset était un jeune homme à l’imagination vive et ardente, qui avait très peu d’aptitude à l’action.


Robert Louis Stevenson, Intégrale des Nouvelles, Paris, Phébus, 2001, 2 vol.

Phébus a édité en deux volumes (plutôt épais) l’intégralité des nouvelles écrites par Stevenson tout au long de sa carrière. Je n’ai pour le moment lu que le premier volume, mais qui est assez riche pour fournir deux billets kiltissimes.
Ce volume contient tout d’abord les deux séries des Nouvelles mille et une nuits, traduites par Isabelle Py Balibar, écrites en 1882 et 1885. Elles ont pour héros central le prince Florizel de Bohême, vivant à Londres, riche, puissant, généreux et mystérieux. Il reste extrêmement discret mais intervient immanquablement au milieu de récits invraisemblables pour tout résoudre ( ?) à l’aide d’hommes de main ou de son intelligence.

Quant au prince, cet homme sublime, ayant désormais joué son rôle, peut disparaître tête la première dans l’espace, en compagnie de l’Auteur arabe. Mais si le lecteur insiste pour avoir des renseignements plus précis, je suis heureux de dire qu’il y a peu, une révolution l’a chassé du trône de Bohême, en raison de ses absences répétées et de sa négligence notoire des affaires publiques, et qu’à présent Sa Grandeur tient une boutique de cigares dans Rupert Street, très fréquentée par d’autres réfugiées étrangers. Je vais là-bas, de temps en temps, fumer et faire un brin de conversation et je trouve que c’est un être aussi remarquable que du temps de sa prospérité ; il a un air olympien derrière le comptoir.


   Dans ces deux ensembles de nouvelles, nous sommes loin de l’Orient, loin de la Bohême aussi, mais bien plutôt au cœur de la Londres victorienne avec des escapades à Paris. Mais la faune reste colorée : un club du suicide, des mormons disposant d’espions dans le monde entier, une Cubaine fuyant l’esclavage et se faisant passer pour une sorcière, des dynamiteurs vaguement anarchistes, un diamant colossal, un prêtre faible, des jeunes gens désespérément en quête d’aventures, le tout sous le regard ironique du narrateur. Beaucoup de péripéties peu probables, où tout le monde retombe finalement sur ses pieds. J’ai un souvenir un peu pénible de L’Île mystérieuse, et j’ai savouré ces nouvelles au ton enlevé, qui ne reculent devant aucune exagération. Bref, je lirai avec plaisir le second volume.
Et je réserve un sort particulier à deux nouvelles… Lou et Cryssilda, vous êtes prévenues !


8 commentaires:

  1. Je n'ai jamais rien lu de Stevenson. Tu me donnes envie de le découvrir.

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  2. C'est vraiment bien. Je me demande, je ne connais pas assez, s'il n'est pas mieux dans ses nouvelles d'ailleurs. Je pourrai confirmer (ou non) cette impression dans quelques années...

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  3. Tiens je ne savais pas que Stevenson avait écrit des nouvelles ! Ton billet me donne bien envie de les lire.

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  4. La plupart des écrivains du XIXe ont vécu en écrivant des nouvelles pour les journaux. Elles sont plus ou moins bien éditées (parce qu'il a fallu que des chercheurs dépouillent tous ces journaux), traduites et connues !

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  5. Je suis plus tentée maintenant que je sais que le cadre est plutôt Londres au XIXe, mais les situations improbables de ses nouvelles me déplaisent à chaque fois pour l'instant... en revanche je suis très très très heureuse car je me régale avec ses "Poèmes enfantins" et ai adoré "Le Maître de Ballantrae" fini ce matin.

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  6. Ah tiens moi je ne connais pas ces deux derniers textes. Bon c'est vrai qu'il faut aimer les situations impossibles et cocasses, on se demande un peu comment il peut broder aussi longtemps sur ce genre de trame. Je crois que j'aime le style, léger, élégant et ironique.

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  7. On y va à fond avec Stevenson durant ce challenge! C'est super, car on lit différentes oeuvres de lui. Beau billet !

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  8. Stevenson étant hyper prolifique, il a toutes les chances de l'emporter, en effet.

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