La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 5 mars 2011

Chaque instant est une forêt de choix.


Mon nom est Gasper, William Gasper, et je ne fais rien pour gagner ma vie ; je vis, tout simplement. Ma famille n’a rien de particulier, et j’ai un passé parfaitement ordinaire. Je préfère la marche en solitaire à toutes les autres activités. Ce genre de vocation reflète sans aucun doute une forme d’inadéquation caractérielle. Cependant, n’ayant rien de vraiment valable à apporter à la société, mis à part un esprit glacé, je ne me vois pas autrement qu’en travailleur ou petit employé – en serviteur de l’armée (je le fus), par exemple. L’idée de chercher un moyen pour être plus à l’aise avec les autres, et les autres avec moi-même, n’a jamais eu une quelconque importance pour moi. Au fil des ans, j’ai marché dans de nombreux endroits, toujours heureux de mon choix. Au cours des cinq dernières années, j’ai fait l’ascension de la Lune à de nombreuses reprises, et je n’ai plus jamais ressenti le besoin de chercher de nouveaux territoires. La Lune me suffit.


Le narrateur part donc marcher quelques jours dans les montagnes de la Lune, il espère bien être tranquille. Nous allons le suivre dans ses efforts, ses haltes, ses nuits, la répartition des provisions, la description du canyon, le matériel qu’il utilise. Il marche la nuit ou le jour, attentif aux animaux, aux sons, aux petites anomalies. De temps en temps, le récit est entrecoupé par les réflexions de quelqu’un qui décrit Gasper, solitaire et glacé. Un orage éclate dans la montagne, le narrateur raconte ses souvenirs de tueur au service de l’armée. Il a de nombreux ennemis, partis à sa poursuite dans les montagnes de la Lune ou l’attendant à sa caravane. C’est un ouvrage court, à l’écriture sobre et précise, voire technique, mais dont la tension est permanente. Je me souviens de l’avoir lu très vite, en une ou deux bouchées. C’est haletant parce qu’on ne peut s’arrêter et que l’on s’interroge sur ce héros : assassin, fugitif ou en proie à des hallucinations ? Je le relirai, je pense.

Howard McCord, L’Homme qui marchait sur la lune, traduit de l’américain par Jacques Mailhos, Paris, Gallmeister, 2008 (1997).

L'auteur est par ailleurs peintre et poète, un personnage à suivre.

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