Bohumil Hrabal, Une trop
bruyante solitude, traduit du tchèque par
Anne-Marie Ducreux-Palenicek, 1e diffusion clandestine à Prague en
1976, Paris, Robert Laffont, 1983.
Un très court et très fort roman.
Le narrateur passe ses journées dans une cave à presser des livres. Avec sa
machine, il fabrique des blocs de papier qui seront ensuite envoyés à une usine
de papier recyclé pour devenir… des journaux, d’autres livres… Mais nous ne
sommes pas dans un monde habituel. Car les livres arrivent par tonnes, toujours
renouvelées. Pendant la Seconde guerre mondiale, les livres venaient de belles
bibliothèques. Mais la guerre a cessé et les livres sont toujours pilonnés et
détruits, tous. Le narrateur le fait à sa manière sensible, plaçant au cœur de
chaque ballot un livre de philosophie, enveloppant ses bottes de livres de
reproductions d’art, volant quelques beaux livres, les redonnant, les lisant en
cachette, les sauvegardant chez lui. Il fait mal son travail et n’est pas très
efficace, un peu vieux dans cette société jamais décrite mais où la vie se
glisse dans des interstices, où les livres ont la valeur de leur papier. Le
narrateur a la tête emplie des philosophes qu’il a lus en cachette, des souris
qui font leur nid dans les tas de papier et qu’il écrase avec sa presse et de
tous ses souvenirs…
H. Hoffman, Autodafé du 10 mai 1933, étudiants et
membres du S.A. chargent
des livres destinés à être
détruits sur un camion, Munich,
Bayerische
Staatsbibliothek, image RMN.
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C’est un livre triste, qui n’est
pas sans rappeler Fahrenheit 451 même si le monde représenté nous est beaucoup
plus proche. Une écriture très sensible aussi qui rend parfaitement les états d'âmes du narrateur avec ses rêves, vivant dans une société glaciale.
Si je me retourne brusquement, si
je crie ou m’agite en dormant, j’entends, épouvanté, le glissement des livres,
il suffirait d’un frôlement, d’un cri pour que tout s’abatte du ciel sur moi
comme une avalanche, une corne d’abondance qui viderait sur moi ses livres
rares et m’aplatirait comme un pou, j’ai souvent l’impression d’un complot
tramé par ces livres pour venger les innocentes souris que je mets tous les
jours en bouillie.
Un livre prêté par Ysa,
merci !
L'avis de L'or des livres,
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