Virginia Woolf, Entre les
actes, traduit de l’anglais par Charles
Cestre, 1e publication 1941, traduction de 1974 pour Stock.
Quel plaisir de lire Virginia
Woolf ! Je pourrai la relire aussitôt et savourer tout autant la poésie de
cette langue et sa sensibilité.
Le livre est court et raconte
quelques heures dans une famille huppée anglaise, à la campagne, à l’occasion
d’une fête paroissiale et de sa pièce de théâtre. Nous sommes dans la tête des
protagonistes, chacun un petit peu, mais surtout dans celle d’Isa, la
belle-fille, la femme délaissée, la mère des enfants, qui se récite de la
poésie et erre, un peu vide et triste.
Les heures passent, entre les
événements, les émotions, les sensations intérieures, les demi-mots, les
murmures que les autres entendent ou pas, les exclamations (plus rares). C’est
une petite société complexe. S’agit-il d’une journée comme une autre ou
annonçant quelque renversement ? Le lecteur hésite, se rendant compte
progressivement que quelque chose est en train de changer entre les
personnages, même s’il est difficile de dire quoi précisément.
Le texte est nourri de toute la
littérature anglaise, poésie, pièce de Shakespeare et d’autres auteurs,
comptines, chansons… au passage j’ai reconnu une comptine qui joue un rôle
central dans une enquête de Miss Marple ! Le livre donne envie de se
plonger dans cette culture qui pour moi est totalement inconnue (je suis ignare
en ce qui concerne la poésie anglaise). J’ai loupé nombres d’allusions.
Le récit se déroule en mai 1939
mais le délitement de l’Europe et l’approche de la guerre semblent ne concerner
personne. Les paroles et les pensées se croisent, ce qui aboutit à l’expression
d’un récit collectif mais fragmenté, rompu par l’absence de communication.
Mon exemplaire est tout corné…
La pièce était vide. Vide, vide,
vide ; silencieuse, de toutes parts silencieuse. Cette pièce était une
coquille, qui murmurait ce qui fut avant que le temps ne fût ; c’était un
vase placé au cœur de la maison, d’albâtre, lisse, froid, contenant l’essence
distillée, stagnante, du vide, du silence.
Lecture commune avec Lou, qui patronne le challenge Virgina Woolf. Une première participation au challenge Lire avec Geneviève Brisac d'Anis. L'avis d'une Bouteille à la mer, de Keisha.
Je suis en train de lire "Les vagues" et je comprends ce que tu dis de l'écriture de Virginia Woolf. Merci pour cette première participation.
RépondreSupprimerC'était un tel plaisir !
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerAprès mon retour de vacances, je découvre enfin avec plaisir ton billet... je n'ai pas réussi à faire cette lecture avant de partir et je me sens évidemment très coupable, mais je compte bien aborder ce texte très prochainement lorsque j'aurai fini mes quelques livres en cours. Ton billet me donne d'autant plus envie de découvrir ce roman tardif, également pour découvrir ces références littéraires auxquelles tu fais allusion.
Très bonne semaine à toi et merci pour ton billet :)
J'ai vu que tu avais eu des vacances, tu as bien raison d'en profiter !
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