La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 1 avril 2013

Les mots formaient deux cercles, deux cercles parfaits, qui les portaient, elle et Haines, comme deux cygnes au fil du courant.


Virginia Woolf, Entre les actes, traduit de l’anglais par Charles Cestre, 1e publication 1941, traduction de 1974 pour Stock.

Quel plaisir de lire Virginia Woolf ! Je pourrai la relire aussitôt et savourer tout autant la poésie de cette langue et sa sensibilité.
Le livre est court et raconte quelques heures dans une famille huppée anglaise, à la campagne, à l’occasion d’une fête paroissiale et de sa pièce de théâtre. Nous sommes dans la tête des protagonistes, chacun un petit peu, mais surtout dans celle d’Isa, la belle-fille, la femme délaissée, la mère des enfants, qui se récite de la poésie et erre, un peu vide et triste.

Les heures passent, entre les événements, les émotions, les sensations intérieures, les demi-mots, les murmures que les autres entendent ou pas, les exclamations (plus rares). C’est une petite société complexe. S’agit-il d’une journée comme une autre ou annonçant quelque renversement ? Le lecteur hésite, se rendant compte progressivement que quelque chose est en train de changer entre les personnages, même s’il est difficile de dire quoi précisément.

Le texte est nourri de toute la littérature anglaise, poésie, pièce de Shakespeare et d’autres auteurs, comptines, chansons… au passage j’ai reconnu une comptine qui joue un rôle central dans une enquête de Miss Marple ! Le livre donne envie de se plonger dans cette culture qui pour moi est totalement inconnue (je suis ignare en ce qui concerne la poésie anglaise). J’ai loupé nombres d’allusions.
Le récit se déroule en mai 1939 mais le délitement de l’Europe et l’approche de la guerre semblent ne concerner personne. Les paroles et les pensées se croisent, ce qui aboutit à l’expression d’un récit collectif mais fragmenté, rompu par l’absence de communication.
Mon exemplaire est tout corné…


La pièce était vide. Vide, vide, vide ; silencieuse, de toutes parts silencieuse. Cette pièce était une coquille, qui murmurait ce qui fut avant que le temps ne fût ; c’était un vase placé au cœur de la maison, d’albâtre, lisse, froid, contenant l’essence distillée, stagnante, du vide, du silence.

Lecture commune avec Lou, qui patronne le challenge Virgina Woolf. Une première participation au challenge Lire avec Geneviève Brisac d'Anis. L'avis d'une Bouteille à la mer, de Keisha.

4 commentaires:

Anis a dit…

Je suis en train de lire "Les vagues" et je comprends ce que tu dis de l'écriture de Virginia Woolf. Merci pour cette première participation.

nathalie a dit…

C'était un tel plaisir !

Lou a dit…

Bonjour,
Après mon retour de vacances, je découvre enfin avec plaisir ton billet... je n'ai pas réussi à faire cette lecture avant de partir et je me sens évidemment très coupable, mais je compte bien aborder ce texte très prochainement lorsque j'aurai fini mes quelques livres en cours. Ton billet me donne d'autant plus envie de découvrir ce roman tardif, également pour découvrir ces références littéraires auxquelles tu fais allusion.
Très bonne semaine à toi et merci pour ton billet :)

nathalie a dit…

J'ai vu que tu avais eu des vacances, tu as bien raison d'en profiter !