Maurice Leblanc, Les trois
yeux, paru en revue en 1919, en livre en
1920, édité chez ArchéoSF (une mine d’or), achetable sur Publie.net.
Ah, je me suis régalée ! Il
s’agit d’un petit roman d’anticipation, qui se dévore avec plaisir.
L’histoire ? Le narrateur
(un crétin fini) est Victorien Beaugrand. Son oncle, Noël Dorgeroux, inventeur
génial, a fait une découverte sensationnelle. Jugez plutôt : en passant
une certaine sorte de peinture sur un mur de son jardin, apparaissent des
images du passé, comme si quelqu’un avait filmé les événements des siècles
passés pour les projeter dans ce petit pavillon de Meudon.
C’est le point de départ. Puis
s’ensuit une histoire d’amour, un meurtre sauvage, une découverte scientifique
de première ampleur et quelques rebondissements. Autant le dire : on
retrouve ici la maîtrise de la narration telle qu’elle apparaît dans L’Aiguille creuse. Surprises, révélations,
retournements de situation. C’est vraiment le rythme qui fait la réussite du
texte, ainsi que les mystérieuses
visions du passé, dont la description est pleine de beauté. Les personnages
n’ont guère de profondeur, à l’exception du méchant, seul à être vraiment intéressant.
On trouve également dans ce roman
des éléments fréquents dans les romans de l’époque (place resepctive des
femmes, des scientifiques, de la presse, du public). Le livre est de 1919 et c’est
important : une des visions est celle de la construction de la cathédrale
de Reims. Et sa destruction par les Allemands pendant la Première guerre
mondiale, un énorme traumatisme pour tout le pays, l’équivalent du pillage du
musée de Bagdad plus récemment.
Et ainsi, malgré les doutes qui
demeurent, malgré les incertitudes et les contradictions, et, disons le mot,
malgré les impossibilités qui paraissent encore, dans l’état actuel de la
science, s’opposer à l’adoption de cette hypothèse, on peut croire, en toute
sincérité, que la lumière est faite sur ce qu’on a justement appelé la plus
incompréhensible énigme qu’ait soumise aux hommes l’incompréhensible nature.
Ca doit faire deux ans que je dois lire Leblanc, m'étant inscrite au challenge de Sharon. C'est noté... en espérant ne pas attendre encore longtemps. Tu as su me tenter...
RépondreSupprimerIl existe aussi en version papier je crois, ça se lit très bien tu verras.
RépondreSupprimertrès très tentant ! Je ne savais pas qu'il avait aussi écrit de l'anticipation :)
RépondreSupprimerSi et c'est même pas mal du tout, je viens d'en lire un second (le billet vient) encore plus réussi !
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