Serge Bramly, Arrête, arrête, 2013, NiL éditions.
Ce tout petit livre m’est tombé
totalement par hasard entre les mains. J’avais pas mal d’a priori négatifs, mais c’est une heureuse surprise.
L’histoire est simple. Vincent,
ancien truand, vient de couper son bracelet électronique alors qu’il était en
conditionnelle et en fin de peine. On ne lui connaît aucune envie de vengeance,
aucun compte à régler, alors ? C’est parfaitement incompréhensible. La
police est lancée. On suit l’histoire d’abord du point de vue de son petit
frère, un respectable médecin, puis avec Vincent.
C’est un récit court et bien
mené. Les quelques personnages sont bien caractérisés et s’il n’y a pas
d’immenses surprises, cela n’est pas pour autant cousu de fil blanc. C’est
surtout un portrait de notre société, vue par les yeux de quelqu’un qui en est
resté éloigné pendant seize ans. À cause du fil narratif, j’ai pensé plus d’une
fois aux nouvelles de Thierry Crifo, qui étaient cependant bien plus noires. Le
livre de Bramly dégage paradoxalement une certaine joie de vivre.
Le récit est tendu, sans longueur, il n’y aucune phrase ou mot en trop.
Si je craignais le portrait du truand au grand cœur « à l’ancienne », car le héros suit ce stéréotype, on s’éloigne heureusement du récit policier classique, pour suivre plus heureusement une errance dans le Paris nocturne, dans les rues, les cafés et quelques boîtes interlopes. Ce qui intéresse visiblement l’auteur est le cheminement des pensées des personnages et les rares rencontres qui parviennent à prendre place.
Stand de fête foraine : panneau de photographe
Bovis Marcel, 1936
Charenton-le-Pont, Médiathèque de l'Architecture, image RMN
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Les enseignes, les vitrines, les réverbères, les guirlandes prématurées de Noël qui drapaient les arbres d’une floraison d’étincelles bleutées, et le fleuve de phares et de feux de signalisation s’écoulant en courants inverses au milieu de l’avenue, se démultipliaient dans les yeux embués de Vincent, affolant son esprit de sensations oubliées.
Alex a également apprécié.
En effet, j'ai beaucoup aimé. Tu as raison, l'auteur s'éloigne du récit policier classique, et c'est tant mieux.
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