La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 12 janvier 2015

Qu'il aille se faire foutre, qu'il se casse la tête sur son mystère !

Raymond Chandler, Adieu, ma jolie, première publication 1940, traduit de l’américain par Geneviève de Genevraye, texte revu par Marcel Duhamel, Renée Vavasseur et Cyril Laumonier (édition Quarto Gallimard).

Le détective Philip Marlowe assiste à une empoignade sur le trottoir d’en face. Au lieu de tourner les talons, il entre et assiste à un meurtre. Il est à craindre que la police se fiche un peu de la mort d’un nègre, mais pendant ce temps, notre héros furète. Il se fait aussi assommer alors qu’il est chargé de protéger un client. Et puis la situation se complique singulièrement. Gare à ne pas laisser la piste criminelle se brouiller par des intrigues mineures comme un trafic de drogue ou une corruption de policiers ! Gare aussi aux blondes superbes qui boivent le whisky comme de l’eau. Enfin, la technique consistant à chercher les ennuis peut entraîner quelques séquelles physiques.

Même dans Central Avenue, qui est loin d’être la rue la moins excentrique du monde, il passait à peu près aussi inaperçu qu’une tarentule dans un plat de crème.
 
Los Angeles, 1908. Image Wikipedia.
J’aime décidément Chandler. Les intrigues ont l’air de partir au fil de l’eau, mais se révèlent finalement bien tenues, par une multitude de détails et de personnages secondaires. Le roman dresse un roman de Los Angeles bien particulier : villas au bord du Pacifique, bars réservés aux noirs, flics désabusés, cigarettes et alcool. Et par dessus tout l’humour ! Un humour froid et ironique pique le narrateur et les différents personnages, dressant le portrait d’un Philip Marlowe délicieusement désabusé. Le ton est souvent incorrect envers les normes établies, le narrateur déteste virilement tous les porteurs de foulard lilas, mais sait reconnaître une tenue d’après-midi chez une femme riche. Tout est dans le détail.


Ses paroles flottaient dans l’air, comme de la fumée dans une pièce close. Ses lèvres restèrent entrouvertes après qu’elle les eut prononcées. Je les laissai flotter. Le rouge fonça sur ses joues.

3 commentaires:

  1. Comme toi j'aime Chandler et son ton souvent rude et qui appelle un chat un chat.

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    1. Ah quand on écrit le nom de Chandler, on est sûr de te voir dégainer plus vite que ton ombre !

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  2. Merci Nathalie pour le lien sur Chandler et Hammett qui promet d'être passionnant.

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