Jean Giono, Un de Baumugnes, 1929.
Le narrateur est un vieux
journalier qui loue ses bras dans les fermes de Haute-Provence. Il rencontre
Albin qui lui raconte l’histoire de la belle Angèle mise sur le trottoir par un
Marseillais. Le narrateur s’embauche donc dans la ferme des parents de la jeune
femme pour en apprendre plus.
Ce court roman nous plonge dans
les affres d’une famille paysanne des bords de la Durance. On n’y est pas
causant et on se retranche derrière les murs. Les travaux de la ferme sont
rudes, avant la mécanisation. Pour parvenir à sortir l’histoire du malheur, il
faudra tous les efforts du narrateur, mais aussi l’harmonica d’Albin.
Il me semblait que, sortie de sa bouche, cette voix lente partait dans la nuit, droit devant elle comme un trait et qu’elle dépassait le rond du monde. Ça avait la luisance d’une faux.
Chemin de Fontienne |
Comme dans Colline, s’il n’y a pas de miracle, la magie est dans l’air. La
musique dit des choses qu’on ne veut pas entendre ou permet au cœur de
s’épancher. Il y a surtout la beauté de la langue de Giono, même si ce texte
est plus rude et carré qu’Ennemonde.
Les formules orales du narrateur se mêlent aux considérations plus poétiques
pour un langage plein de vérité qui campe un univers prenant. Cette fausse
simplicité, cette allure de langage de paysan qui n’en est pas, confère toute
sa puissance à ce petit roman.
Moi qui vous raconte ce que ce
gars-là me disait pour se dégonfler et qui vous raconterai tout à la file la
suite de l’histoire, je m’attendais, pardi, à la chose ordinaire d’un chacun,
avec des coups de poing sur la table et des gueuleries contre le fermier ;
mais, ça, vraiment, ça ne s’annonçait pas comme le blé de tout le monde.
Y m’avait, le gars !
Y m’avait, je vous dis.
L’avis de Dominique.
Pas mon préféré Un de baumugnes mais ce que j'ai aimé Giono, et sa langue, son lyrisme! j'ai aimé et j'espère que j'aime toujours! je n'ai plus lu depuis des années! je le souviens de ma découverte (entre autres!) de La naissance de l'Odyssée.
RépondreSupprimerJ'avoue que j'ai été déçue après Colline et Ennemonde. Peut-être à cause du côté oral. Mais oui, cette langue reste lyrique et sauvage à la fois.
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