La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 23 avril 2015

Les choses de la terre, mon vieux, j’ai tant vécu avec elles...

Jean Giono, Un de Baumugnes, 1929.

Le narrateur est un vieux journalier qui loue ses bras dans les fermes de Haute-Provence. Il rencontre Albin qui lui raconte l’histoire de la belle Angèle mise sur le trottoir par un Marseillais. Le narrateur s’embauche donc dans la ferme des parents de la jeune femme pour en apprendre plus.
Ce court roman nous plonge dans les affres d’une famille paysanne des bords de la Durance. On n’y est pas causant et on se retranche derrière les murs. Les travaux de la ferme sont rudes, avant la mécanisation. Pour parvenir à sortir l’histoire du malheur, il faudra tous les efforts du narrateur, mais aussi l’harmonica d’Albin.

Il me semblait que, sortie de sa bouche, cette voix lente partait dans la nuit, droit devant elle comme un trait et qu’elle dépassait le rond du monde. Ça avait la luisance d’une faux.

Chemin de Fontienne
Comme dans Colline, s’il n’y a pas de miracle, la magie est dans l’air. La musique dit des choses qu’on ne veut pas entendre ou permet au cœur de s’épancher. Il y a surtout la beauté de la langue de Giono, même si ce texte est plus rude et carré qu’Ennemonde. Les formules orales du narrateur se mêlent aux considérations plus poétiques pour un langage plein de vérité qui campe un univers prenant. Cette fausse simplicité, cette allure de langage de paysan qui n’en est pas, confère toute sa puissance à ce petit roman.

Moi qui vous raconte ce que ce gars-là me disait pour se dégonfler et qui vous raconterai tout à la file la suite de l’histoire, je m’attendais, pardi, à la chose ordinaire d’un chacun, avec des coups de poing sur la table et des gueuleries contre le fermier ; mais, ça, vraiment, ça ne s’annonçait pas comme le blé de tout le monde.
Y m’avait, le gars !

Y m’avait, je vous dis.

L’avis de Dominique.


2 commentaires:

  1. Pas mon préféré Un de baumugnes mais ce que j'ai aimé Giono, et sa langue, son lyrisme! j'ai aimé et j'espère que j'aime toujours! je n'ai plus lu depuis des années! je le souviens de ma découverte (entre autres!) de La naissance de l'Odyssée.

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    1. J'avoue que j'ai été déçue après Colline et Ennemonde. Peut-être à cause du côté oral. Mais oui, cette langue reste lyrique et sauvage à la fois.

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