Anjana Appachana, Mes seuls dieux, traduit de l’anglais
par Alain Porte, paru en 1992 en Angleterre, publié France chez Zulma.
Ces huit nouvelles nous plonge avec
finesse et talent dans l’Inde d’aujourd’hui.
Plusieurs sont d’un point de vue
de jeunes femmes ou de mères de jeunes femmes et sont centrées sur le moment où
la vie féminine bascule : le mariage. La première, peut-être la plus
difficile, est le long récit de la désillusion et de l’asservissement d’une
jeune mariée par sa belle-famille, sans que le charmant mari ne lève le petit
doigt. La lourdeur et l’immobilisme de la société sont parfaitement décrits et font
froid dans le dos. L’héroïne est prise dans un engrenage mortifère malgré toute
son éducation et ses principes. Le destin des femmes et particulièrement des
femmes mariées apparaît particulièrement difficile. Dans chaque famille règnent
le silence et les non-dits et c’est le jugement de la communauté (familles,
voisins, amis) qui décide en partie de la vie des communautés.
D’autres nouvelles sont
heureusement plus légères : une petite fille se rappelle son enfance et
l’amour jaloux avec lequel elle couvait sa mère, une mère raconte la rencontre
de sa fille et de son futur gendre qui se jouent des croyances et des
superstitions. Deux autres nouvelles ont pour héros Sharmaji, un feignant
tenant bon dans une grande entreprise où il boit du thé et entretient de bonnes
relations avec tout le monde, tout en se plaignant d’être toujours dérangé.
B. Brake, Premières pluies de la mousson, 1989, Centre Pompidou, image RMN. |
Des habitudes, une culture, des
plats, des conventions, j’ai découvert tout cela dans ce recueil qui donne un
portrait composite des familles indiennes. La relation compliquée avec l’Angleterre
est évoquée, ainsi que les différences entre les générations, la place des
dieux dans la vie des individus. Le ton est souvent doux amer, avec des touches
pleines d’humour et de subtilité, de regret et de mélancolie.
Oui, ma mère connaissait Dieu.
Ils étaient en relation permanente. Quand je mentais, elle plongeait ses yeux
dans les miens, puis déclarait, tu mens. Abattue, je disais, tu le sais ?
Et elle répondait, Dieu me l’a dit. Dieu lui disait tout. Quand je disais la
vérité, Il lui disait que c’était la vérité. J’étais sûre que ma mère était de
mèche avec les dieux dans la chambre de mes grands-parents, où s’affichaient
leurs photographies et leurs statuettes. Faisaient-ils tous bloc avec elle – le
Seigneur Ram, le Seigneur Krishna, le Seigneur Shiva, le Seigneur
Venkateshvara, la Déesse Parvati, la Déesse Sarasvati, la Déesse Lakshmi ?
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