Récemment, je me suis rendue pour la troisième fois aux Alyscamps. Vous
savez peut-être de quoi il s’agit même si vous n’y êtes jamais allé.
Cet endroit est situé à Arles. Il s’agit d’une ancienne nécropole
romaine (à l’époque elle était donc à l’extérieur de la ville) qui autrefois faisait
plusieurs hectares. Le lieu est célèbre dès le IVe siècle de notre
ère, car Saint Genest y aurait subi le martyre. Tout le monde veut se faire
enterrer auprès du saint ! Le cimetière, dorénavant chrétien, continue à
se développer pendant le Moyen Âge et devient le point de départ du pèlerinage
pour Compostelle à Arles. L’église Saint-Honorat y est construite.
Aujourd’hui, l’endroit est tout petit par rapport à ses dimensions
d’origine et a été aménagé pour permettre sa visite.
C’est un endroit curieux quand on y réfléchit un peu.
Pour quelle raison se rend-on aux Alyscamps et surtout pourquoi y
revient-on ?
Pour se cultiver ? Mouais… Même si l’histoire antique d’Arles est
des plus intéressantes (je ne vais pas le nier, je suis restée 3 heures au
musée de l’Arles antique), je doute.
On y vient pour chercher une atmosphère, non ? Une ambiance, un
quelque chose. C’est un lieu connu depuis longtemps, qui a été représenté par
Van Gogh et Gauguin, qui a sa place dans les belles ruines romantiques propices
aux rêveries sur le temps qui passe. Les Alyscamps ont d’ailleurs été classés au titre des Monuments historiques dès 1840.
Les Alyscamps par Van Gogh en 1888. Wiki-image. |
C’est là où les choses deviennent intéressantes. Nous venons visiter
une ruine. Nous serions évidemment très déçus de trouver une église intacte,
avec ses murs et ses peintures, les tombes bien en place, etc. Ce serait même
un cauchemar !
Oui, mais… si on laissait réellement la nature et le temps faire leur
œuvre, il ne resterait plus grand-chose des Alyscamps. La pluie, les urines de
chats, de chiens et d’humains, les insectes, les plantes surtout qui prennent
tout d’assaut, viendraient à bout des sarcophages plus rapidement qu’on ne
croit et il ne resterait rien.
Il faut donc… entretenir la ruine ! Beau paradoxe. C’est pourtant
ce qui se fait depuis longtemps. Les religieux des Minimes ont aménagé cette célèbre
allée de sarcophages en les alignant ainsi au XVIIIe siècle (cette
image reproduite par les peintres et qui nous fait donc rêver n’a rien
d’antique). D’ailleurs les plus beaux sarcophages sont au musée. Les murs de
l’église sont examinés, soutenus et réparés. Le terrain est désherbé, mais des
plantations de vigne ont été faites, afin que l’endroit conserve son caractère
champêtre. L’atmosphère romantique requiert donc un soin constant.
Le patrimoine n’a décidément rien d’évident.
Sur un sujet proche, le patrimoine engagé pendant la Première guerre mondiale.
Intéressante réflexion !
RépondreSupprimerMerci ! L'histoire du patrimoine pose vraiment des questions intéressantes.
SupprimerDans Arles, où sont les Aliscams,
RépondreSupprimerQuand l'ombre est rouge, sous les roses,
Et clair le temps,
Prends garde à la douceur des choses.
Lorsque tu sens battre sans cause
Ton coeur trop lourd ;
Et que se taisent les colombes :
Parle tout bas, si c'est d'amour,
Au bord des tombes. Paul jean Toulet
Comme c'est joli ! "la douceur des choses"
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