La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 11 juin 2016

Les Alyscamps

Récemment, je me suis rendue pour la troisième fois aux Alyscamps. Vous savez peut-être de quoi il s’agit même si vous n’y êtes jamais allé.


Cet endroit est situé à Arles. Il s’agit d’une ancienne nécropole romaine (à l’époque elle était donc à l’extérieur de la ville) qui autrefois faisait plusieurs hectares. Le lieu est célèbre dès le IVe siècle de notre ère, car Saint Genest y aurait subi le martyre. Tout le monde veut se faire enterrer auprès du saint ! Le cimetière, dorénavant chrétien, continue à se développer pendant le Moyen Âge et devient le point de départ du pèlerinage pour Compostelle à Arles. L’église Saint-Honorat y est construite.


Aujourd’hui, l’endroit est tout petit par rapport à ses dimensions d’origine et a été aménagé pour permettre sa visite.
C’est un endroit curieux quand on y réfléchit un peu.
Pour quelle raison se rend-on aux Alyscamps et surtout pourquoi y revient-on ?
Pour se cultiver ? Mouais… Même si l’histoire antique d’Arles est des plus intéressantes (je ne vais pas le nier, je suis restée 3 heures au musée de l’Arles antique), je doute.


On y vient pour chercher une atmosphère, non ? Une ambiance, un quelque chose. C’est un lieu connu depuis longtemps, qui a été représenté par Van Gogh et Gauguin, qui a sa place dans les belles ruines romantiques propices aux rêveries sur le temps qui passe. Les Alyscamps ont d’ailleurs été classés au titre des Monuments historiques dès 1840.
Les Alyscamps par Van Gogh en 1888. Wiki-image.
C’est là où les choses deviennent intéressantes. Nous venons visiter une ruine. Nous serions évidemment très déçus de trouver une église intacte, avec ses murs et ses peintures, les tombes bien en place, etc. Ce serait même un cauchemar !


Oui, mais… si on laissait réellement la nature et le temps faire leur œuvre, il ne resterait plus grand-chose des Alyscamps. La pluie, les urines de chats, de chiens et d’humains, les insectes, les plantes surtout qui prennent tout d’assaut, viendraient à bout des sarcophages plus rapidement qu’on ne croit et il ne resterait rien.

Il faut donc… entretenir la ruine ! Beau paradoxe. C’est pourtant ce qui se fait depuis longtemps. Les religieux des Minimes ont aménagé cette célèbre allée de sarcophages en les alignant ainsi au XVIIIe siècle (cette image reproduite par les peintres et qui nous fait donc rêver n’a rien d’antique). D’ailleurs les plus beaux sarcophages sont au musée. Les murs de l’église sont examinés, soutenus et réparés. Le terrain est désherbé, mais des plantations de vigne ont été faites, afin que l’endroit conserve son caractère champêtre. L’atmosphère romantique requiert donc un soin constant.




Le patrimoine n’a décidément rien d’évident.
Sur un sujet proche, le patrimoine engagé pendant la Première guerre mondiale.

4 commentaires:

Lili Galipette a dit…

Intéressante réflexion !

nathalie a dit…

Merci ! L'histoire du patrimoine pose vraiment des questions intéressantes.

ysa a dit…

Dans Arles, où sont les Aliscams,
Quand l'ombre est rouge, sous les roses,
Et clair le temps,

Prends garde à la douceur des choses.
Lorsque tu sens battre sans cause
Ton coeur trop lourd ;

Et que se taisent les colombes :
Parle tout bas, si c'est d'amour,
Au bord des tombes. Paul jean Toulet

nathalie a dit…

Comme c'est joli ! "la douceur des choses"