Horacio Quiroga, Contes d’amour de folie et de mort,
traduit de l’espagnol (Uruguay) par Frédéric Chambert, parution originale en
1917, édité en France chez Actes Sud.
Des nouvelles étranges et
fascinantes.
Ces nouvelles prennent place dans
l’Amérique du Sud du début du XXe siècle, dans de grandes propriétés
luxuriantes, ou dans des déserts arides, ou dans les villes les plus modernes.
Nous côtoyons de très riches familles, des péons qui n’ont que leur force de
travail à vendre, mais certaines nouvelles ont pour héros des chiens ou des
chevaux.
Et c’est extraordinaire comme son corps, de la pointe de ses chevaux aux talons de ses souliers, était un vivant désir, et comment, en traversant le halle pour rentrer dans la pièce, chaque mouvement de sa jupe contre le dallage pouvait traîner mon âme après elle comme un chiffon de papier.
Il est question du travail des
pauvres, de leur exploitation, de la violence des rapports sociaux. Les récits
qui prennent place à la campagne font penser à Maupassant, qui peint de la même
façon un monde froid et cruel, sans qu’aucun effet ne souligne la violence des
faits et des émotions. Certaines nouvelles flirtent avec le fantastique en
mettant le doigt sur les gouffres qui s’ouvrent dans l’âme humaine. Mais la
nature est plus violente dans ces régions : le soleil, la sécheresse, les
serpents, les fourmis noires peuvent modifier le cours d’une vie.
La langue mêle un froid réalisme
cruel à l’expression de passions violentes.
Ce recueil procure donc un
certain malaise au lecteur, qui frissonne devant l’inexplicable.
L’atmosphère aveuglante de la
lumière excessive du soleil pendant le jour, acquérait dans cette pénombre une
transparence presque funèbre. Le vent avait complètement cessé et dans le calme
du soir, quand le thermomètre commençait à tomber rapidement, la vallée gelée
exhalait son humidité pénétrante qui se condensait tout au fond en un ruban de
brouillard entre les deux versants. Sur la terre maintenant refroidie, l’odeur
hivernale des pâturages brûlés renaissait ; et quand le chemin longeait la
forêt, l’air, que l’on sentait tout à coup plus froid et plus humide, se
chargeait à l’excès d’un lourd parfum de fleur d’oranger.
Bon pour le défi Amérique du Sud d’Eimelle.
J'aime beaucoup cet auteur. C'est tellement étrange que c'est intemporel et donc passe le temps sans prendre une ride. Je crois que "La poule égorgée" fait partie de ce recueil : un vrai bonheur !
RépondreSupprimerJ'ai été un peu déstabilisée par certaines nouvelles, je dois bien avouer, mais oui les récits sont percutants ! Une découverte.
Supprimercela a l'air plutôt étrange... merci pour le challenge!
RépondreSupprimerÇa l'est !
SupprimerVoilà qui m'intrigue, et me tente au plus haut point. Je note, merci pour le billet. L'extrait est très alléchant...
RépondreSupprimerJe crois qu'il y a une adaptation BD récente aussi, si cela te tente.
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