Jacques Cazotte, Le
Diable amoureux, 1772.
Un joyeux militaire se
vante de pouvoir tirer les oreilles du Diable s'il lui apparaissait. Un peu
vantard ? Un ami, versé dans les secrets de la Cabale, lui procure l'occasion
grâce à quelques formules magiques prononcées dans la grotte de Portici près de
Naples. Une tête monstrueuse apparaît, puis un gentil petit chien et enfin la
délicieuse et sans défense Biondetta. Commence pour notre héros une singulière
aventure.
L'odieux fantôme ouvre la gueule, et, d'un ton assorti au reste de l'apparition, me répond : Che vuoi ?
Toutes les voûtes, tous les caveaux des environs retentissent à l'envie du terrible Che vuoi ?
La délicieuse Biondetta ? Une beauté représentée par R. Carriera, pastel conservé à Genève, M&M. |
Il s'agit d'un des
premiers textes fantastiques français. Son héros est un jeune homme
sympathique, rusant avec lui-même, hésitant à s'avouer son amour pour une
créature effrayante mais tellement charmante. Il n'est ni faible ni vantard,
mais pousse l'expérience jusqu'à l'extrémité la plus dangereuse. L'analyse psychologique du héros est plutôt fine puisqu'il conserve toute sa lucidité sur ce qui est en train de lui arriver tout en étant incapable d'y résister. Ce roman
travaille donc le thème de la tentation vieille comme Saint Antoine. Ici le
Diable, tout d’abord effrayant et grotesque, se dissimule sous la plus céleste
beauté. Mais, originalité, la fin est une réussite puisque le lecteur reste
dans le même état d'incertitude que le héros – franchement, bien malin (le
Malin ?) qui saura où est le vrai de l’histoire.
Mes
défiances s'étaient renouvelées sur les desseins de l'être dangereux dont
j'avais agréé les services. Je ne savais pas décidément si je pourrais
l'éloigner de moi ; en tout cas, je n'avais pas la force de le vouloir. Je
détournais les yeux pour ne pas le voir où il était, et le voyait partout où il
n'était pas.
J'ai beaucoup aimé ce texte !!! Ta conclusion est très juste.
RépondreSupprimerJe trouve que ce texte est vraiment bien construit. Si le début est plutôt classique (enfin, parce que tous les successeurs ont fait un truc ressemblant ensuite), la fin est beaucoup plus originale.
SupprimerCe n'est pas la première fois que j'en entends parler, mais je ne l'ai jamais lu, il va falloir que je le fasse :)
RépondreSupprimerIl existe en numérique en plus, pourquoi se priver ?
SupprimerUn livre que j'ai lu il y a si longtemps. J'avais oublié l'histoire.
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