La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mercredi 17 mai 2017

Vous serez réduits à des mots sur une page.

Jasper Fforde, Le Puits des histoires perdues, traduit de l’anglais par Roxane Azimi, parution originale 2003.

Il s’agit du troisième volume des aventures de Thursday Next (le tome 1 L'Affaire Jane Eyre et le tome 2 Délivrez-moi). La détective est décidée à passer le temps de sa grossesse à l’abri de l’entreprise Goliath, en s’installant dans un roman non publié, vivotant discrètement au fond de la bibliothèque. Parmi les soucis immédiats à résoudre : son mari a été éradiqué et s’efface lentement de sa mémoire, le roman où elle s’est installée est tellement nul qu’il pourrait être supprimé. Et il y a aussi quelques meurtres bizarres.

- Avec quoi fabrique-t-on un contexte, Mr Grnksghty ?
- De la mélasse essentiellement, répondit-il en secouant la fiole où la substance huileuse se transforma en gaz. Et des souvenirs. Beaucoup de souvenirs. En fait, la mélasse sert de liant.

Il m’a semblé que c’était un épisode de transition, où l’intrigue n’était pas forcément très suivie ou construite, et que Fforde se faisait plaisir en nous présentant son univers. C’est loin d’être désagréable car le lecteur découvre tout l’envers de la littérature : comment naissent les intrigues ? Quelle est la véritable vie des personnages secondaires ? Le roman regorge d’inventions et cette façon d’envisager la littérature est très amusante et stimulante - mention spéciale pour le séminaire de gestion de la colère dans Les Hauts de Hurlevent.
Les créatures qui habitent mes lives.

- Cinquième point. Toute la ponctuation a été volée dans le dernier chapitre d’Ulysse. À savoir, environ cinq cents points, virgules, points-virgules et apostrophes.
Il marque une pause.
- Vous n’étiez pas en train d’y travailler, Vern ?
- Si, acquiesça Deane en s’avançant et en ouvrant un calepin. Le vol a été remarqué, mais d’après les premiers rapports, les lecteurs considèrent l’absence de ponctuation non pas comme une erreur abyssale, mais comme un trait de génie ; du coup, ça nous laisse le temps de nous retourner.
- Vous êtes sûrs que c’est un voleur ? s’enquit Béatrice. Ça ne peut pas être les grammasites ?
- Non, répondit Perkins, grand spécialiste en la matière. Les Ponctusauroïdes sont rares, or pour embarquer autant de signes de ponctuation, il en faudrait des centaines. Et puis, je ne crois pas qu’ils auraient laissé le point final… ça ressemble plus à un voleur malicieux.





4 commentaires:

keisha a dit…

Oh je me relirais bien toute la série, tiens...

nathalie a dit…

Une rare série où je fais BIEN attention à ne pas aller trop vite, à lire deux fois chaque volume et à ne pas me jeter sur le suivant...

Lili Galipette a dit…

Un tel bonheur !
Je sais déjà que je relirai cette série encore et encore !

nathalie a dit…

Elle est tellement riche que ce serait tout à fait justifié.