Napoléon est un personnage
historique certes, mais au potentiel littéraire évident. Entre le surhomme et
l’ambitieux détestable, celui a manié les masses et les armées a inspiré les
créateurs. Et beaucoup d’entre eux ont pu regretter que l’épopée se soit
arrêtée un peu brutalement à Waterloo. Et certains ont pu imaginer des uchronies.
Et si… l’histoire avait tourné légèrement autrement ? J’avais déjà lu des
romans où Napoléon gagne à Waterloo, mais j’étais curieuse de lire ce panorama
rassemblé par ArchéoSF – l’éditeur spécialiste des grands papas de la SF.
Les deux premières histoires,
celles de Louis Geoffroy et de Joseph Méry, ne m’ont pas du tout intéressée,
car elles racontent l’irrésistible ascension du grand homme. Franchement, quand
tout se passe bien, on n’en fait pas un roman.
Alphonse Allais suggère que la
fécondation artificielle aurait pu être utilisée de façon ingénieuse par le
grand homme (ça, c’est un intermède !).
La longue nouvelle du capitaine
Danrit est sans doute la plus intéressante du recueil, car elle raconte
l’aventure d’un groupe de fans prêts à tout mettre en œuvre pour délivrer
Napoléon de Sainte-Hélène. Le récit prend l’allure d’un roman de Jules Verne,
car il s’agit d’utiliser un des premiers sous-marins ! Roman d’aventure,
d’ingénieurs et de soldats, avec un fort suspens, car l’empereur est malade et
il faut se dépêcher pour ne pas arriver trop tard. L’auteur cite en plus des
textes authentiques (mémoires de Las Casas, chansons de Bérenger, etc.), c’est assez bien fait. En
revanche, le climat de sainteté et d’adoration pèse un peu sur le récit, on
aurait aimé des grognards un peu plus hauts en couleur et moins exemplaires.
Mais ce mélange de technicité, d’aventure et de roman de pirates au service de la réécriture de l’histoire
est une très bonne idée.
La dernière nouvelle, de H. A. I.
Fisher, traduit par Philippe Éthuin, met en scène Napoléon en Amérique,
s’intéressant d’abord au Québec, puis à l’Amérique du Sud. Le ton est un peu
ironique, puisque l’empereur essaie de mettre dans sa poche aussi bien les
catholiques que les protestants, qu’il promet tout à tout le monde et qu’il
apparaît comme un séducteur irrésistible. Toutefois, là encore, il me semble
que le ton est un peu trop respectueux.
Anonyme, Dessin de Napoléon "le ventripotent", fait à Sainte-Hélène, 1820, Wikimage. |
C’était un panorama intéressant,
surtout quand on songe à l’importance des motifs napoléoniens dans la
littérature du XIXe siècle. Bizarrement (ou pas), le caractère corse est
souvent mis en valeur, alors que les Anglais s’en prennent plein la tronche.
Dès qu’on signale une nef vagabonde :
« Serait-ce lui ? disent les potentats.
Vient-il encor redemander le monde ?
Armons soudain deux millions de soldats ! »
Béranger a bien rendu dans cette
strophe la persistante inquiétude qui tenailla les gouvernements de la
Sainte-Alliance pendant les dernières années de Napoléon.
Bien qu’ils eussent toutes sortes
de bonnes raisons pour être rassurés, après avoir confié sa garde à
l’Angleterre, il n’y eut pas d’année où les journaux britanniques de l’époque
ne renchérissent sur les projets d’évasion les plus invraisemblables.
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