Henry James, Le Tour d’écrou, parution originale 1898, lu
en ebook gratuit et donc il n’y a pas le nom du traducteur bien sûr.
Relecture d’un classique que j’avais un peu sous-estimé.
Des hommes (les femmes sont couchées) racontent des
histoires le soir au coin du feu pour se faire peur. L’un d’eux lit le
manuscrit d’une ancienne institutrice. La très jeune femme est chargée d’une
petite fille et d’un jeune garçon dans une grande demeure de la campagne
anglaise. Ils sont adorables. Et peu à peu des choses bizarres et effrayantes
se produisent.
Ce roman américain constitue un hommage appuyé aux grands
romans anglais (Jane Eyre n’est pas loin) et particulièrement aux romans
gothiques (Les Mystères d’Udolfe sont explicitement cités). Belle campagne,
jardin, maison aux nombreuses chambres et à grande domesticité, bougie qui
s’éteint toute seule et apparitions inexpliquées, tout est là. Le récit est
mené sur un ton exalté tout à fait prenant. L’héroïne se délecte de sa frayeur
et de ses larmes, mais affronte vaillamment ses responsabilités, de façon à
repousser sans cesse l’horreur un peu plus loin – on n’est pas loin du thriller
en ce qui concerne cette technique narrative.
Je sais comment tirer de mon histoire un récit capable de faire comprendre mon état d’esprit : durant cette période, je trouvais littéralement de la joie à m’abandonner à l’envolée héroïque que l’occasion exigeait de moi.
Je pense qu’à ma première lecture j’étais un peu passée à
côté de certains enjeux. Les interdits sexuels sont tellement forts qu’ils ne
sont évoqués que par des sous-entendus tellement lointains qu’il est facile de
ne pas tout comprendre de certaines « horreurs » évoquées. Sur ce
plan le roman est un peu daté. Toutefois, il mêle à la perfection puritanisme
et fascination pour le mal, surtout quand il est imaginé.
Le lecteur oscille entre interprétations surnaturelles et
rationnelles des évènements et rien ne sera tranché à la fin. C’est cette
absence d’explication qui constitue une des réussites du roman, car le lecteur
ne parvient pas à faire la part des choses entre tout ce qui lui est raconté.
Avons-nous affaire à un roman fantastique avec des fantômes ou à un roman plus
psychologique, dont l’intrigue plonge dans la psychanalyse ? Et quel est le plus
horrible des deux ? Et l’institutrice a-t-elle conscience de cela ou est-elle
trop ignorante pour saisir ce qui se passe ? Quel est le danger véritable et
est-ce vraiment un danger ?
L’institutrice ne nous dit pas tout, par volonté de
cacher ou par ignorance. On ne peut s’empêcher de se dire que son éducation
puritaine et sa sentimentalité excessive perturbe ses perceptions. Comment
savoir ce qui se passe vraiment ? Et comment cela va-t-il finir ? Rien ne
sera dit.
Il sembla dire que ce n’était pas si simple que cela,
mais qu’il ne pourrait trouver des termes exacts pour s’exprimer. Il passa sa
main sur ses yeux, eut une petite grimace douloureuse :
- « Comme horreur. Comme horreur - horrible !
- - Oh
! C’est délicieux ! » s’écria une femme.
L’avis de Nathalie.
C'ets un titre que je me promets de relire depuis longtemps... je l'avais lu au collège je crois, et une amie prof de français m'a donné il y a quelques années l'envie de le redécouvrir en le portant aux nues ! Il faut que je le mette en évidence..
RépondreSupprimerOui c’est un excellent roman.
SupprimerJe n'ai pas lu le roman, mais j'ai vu l'opéra (Britten je crois) et avoue n'avoir pas vraiment trop compris!
RépondreSupprimerJ’aime bien la musique de Britten mais je ne connais pas du tout l’opéra.
SupprimerJ'ai vu aussi l'Opéra, mystérieux mais un bon souvenir !
RépondreSupprimerBon il faut absolument que cet opéra passe à Marseille !
Supprimerles lecteurs et critiques de James disent qu'il laisse ses héros ou héroïnes "en l'air" façon de dire que l'on sort de là sans savoir réellement le fin mot de l'histoire
RépondreSupprimerje viens de terminer un de ses romans où l'on retrouve cet effet là, mais quel talent !!!
J'ai l'impression que c'est le lecteur qui est laissé en l'air en l'occurrence, mais oui, c'est totalement ça.
SupprimerJ'avais adoré ce livre, mais ce que tu dis des sous-entendus sexuels m'était passé complètement au-dessus. Ca me donne envie de m'y replonger, tiens !
RépondreSupprimerOn est en plein dans le tabou "ah c'est tellement horrible que je n'en parlerai pas" et c'est au lecteur de se creuser la tête... C'est plutôt bien fichu car du coup on se demande si la narratrice n'a pas tout imaginé (vu que rien n'est raconté).
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