Kate Chopin, Le Sorcier de Gettysburg, traduit de l’américain par Marie-Anne de Kisch, recueil de nouvelles dont la majorité est parue originellement en 1894, édité en France aux Éditions Interférences (très joli petit livre).
Un recueil de nouvelles, se déroulant dans la Louisiane du XIXe siècle. Ou plus exactement des portraits. Des vieilles demoiselles accrochées à un rêve. Des jeunes femmes dont le fiancé a été tué pendant la guerre de Sécession. Des Noirs attachés à leur propriétaire blanc (à moins que ce ne soit l’inverse). Des jeunes gens qui succombent aux charmes des yankees. Des francophones et des anglophones. Tout un petit monde disparu raconté avec tendresse et humour.
Elle était vêtue de noir, avec le fichu blanc qu’elle portait toujours drapé sur la poitrine. Son épaisse chevelure brillante s’élevait comme un diadème d’argent au-dessus de son front. Dans ses yeux sombres et profonds couvait le feu d’incendies qui ne flamberaient jamais. Elle avait beaucoup vieilli. Comme si des années et non des mois s’étaient écoulés depuis la nuit où elle avait dit adieu à ses visions.
Bien sûr, on n’est pas dans Faulkner. C’est lisible. Ce sont des récits très simples, sans fioritures, qui restituent un monde disparu, sans forcément beaucoup de distance critique pour les réalités sociales qui sont dépeintes, encore que l’ensemble forme un tableau contrasté, pas forcément uniforme, où les ambiguïtés sont la chose du monde la mieux partagée. Ce sont des évocations pleines de finesse et d’humour, dotées d’un certain charme désuet et pleines de vie.
À lire à petites bouchées le soir, pour s’endormir.
Le Sud comme une terre de merveille où l’on trouve des trésors enfouis (un motif que l’on trouve dans Descends, Moïse). Une terre de vaudou et de grigris. De grandes propriétés en ruine après la fin de la guerre. Et toujours des Noirs travaillant dans les plantations. Avec des familles élargies incommensurables, des vagabonds et des orphelins à recueillir et à adopter.
Marshall hésita et décocha à l’enfant un regard inquisiteur.
« T’es blanc ou t’es noir ? demanda-t-il. J’veux l’savoir avant d’t’apporter à manger dans le salon.
- Moi, j’suis blanc ! répondit vivement le garçon.
- J’discute pas ; allons-y ! Si y en a qui t’croient, tant mieux pour eux ! »
Le docteur John-Luis ne dit rien mais toussota derrière sa main.
Je note que Chopin a apparemment commis un grand roman scandaleux, L’Éveil. Ça me dit bien de me le procurer ! Elle a aussi traduit Guy de Maupassant en américain.
Une étape de mon parcours d’été. Une autrice.
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