François Rabelais, Le Tiers livre, 1546, traduit en français moderne par Marie-Madeleine Fragonard.
Je poursuis mon exploration de Rabelais. Après Gargantua et Pantagruel, voici le troisième – le tiers donc – livre. Ici Panurge est décidé à se marier. Encore que… il compte bien ne pas être cocu, comme tous les autres maris. Il consulte donc divers moyens pour connaître l’avenir : citations prises dans Virgile, interprétation des rêves, divagation des fous, sorcière, dés, tout y passe. Mais à chaque fois, les conclusions divergent. À la fin, Panurge n’est toujours pas marié.
Roman un peu moins amusant que les deux précédents, car il y a beaucoup de discours et de longs morceaux rhétoriques (ce n’est pas du tout mon truc) et moins d’aventures au sens propre. Je me suis donc contentée d’apprécier certains passages particulièrement réussis comme le portrait de la sorcière qui tourne en dérision toutes les puissances infernales. Il y a aussi un juge qui rend ses sentences en les jouant aux dés et ce n’est pas si bête. Et un éloge de la dette tout à fait rafraîchissant. Il y a enfin la description mystérieuse d’une plante aux milles vertus que l’on imagine rare et précieuse. Il ne s’agit pourtant que du chanvre.
Un roman sans aucune femme (ah si ! il y a la sorcière) bien sûr, où les hommes ne sont guère à l’honneur.
Et moult trouvailles langagières !
Elle mit son tablier sur sa tête, comme les prêtres mettent leur amict quand ils veulent chanter la messe ; puis avec un vieux tissu bariolé, bigarré, le noua sous la gorge. Ainsi affublée, elle tira un grand coup de la gourde, prit trois écus de la couille de bélier, les mit dans trois coques de noix et les posa sur le cul d’un pot à plumes, fit trois tours de balai dans la cheminée, jeta au feu un demi-fagot de bruyère et un rameau de laurier sec. Elle le regarda brûler en silence, et vit qu’en brûlant il ne faisant aucun crépitement ni bruit. Alors elle cria épouvantablement, sonnant entre ses dents quelques mots barbares et d’étrange terminaison.
Rabelais sur le blog :
Vitrail Tobias et Sarah, Allemagne 1520, V&A. |
Et bien, je ne savais pas que l'on pouvait fredonner des babines ! Mais avec Rabelais, rien ne m'étonne. J'aime cette langue, à la fois, verte et imagée, inventive et délirante!
RépondreSupprimerOui il fait swinguer la langue et ça fait du bien, même si tout n'est pas facile à lire !
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