La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 23 janvier 2021

Léon Spilliaert

Tout comme Beardsley, Léon Spilliaert a la malchance d’être exposé au Musée d’Orsay en ce moment, exposition privée de visiteurs qui n’aura été visible que pendant 2 semaines. Heureusement j’ai eu la chance de la voir. Aujourd’hui, quelques photos.

D’après ce que j’ai compris, l’exposition d’Orsay couvre essentiellement le début de sa carrière. Léon Spilliaert (1881-1946) est un peintre belge, né à Ostende, tout comme James Ensor. Il est proche de Maeterlinck et de Verhaeren. On le rattache au symbolisme, mais si vous aviez visité l'exposition consacrée à Fernand Khnopff au Petit Palais vous ne serez pas totalement en terrain inconnu.


Autoportrait aux masques (1903, graphite et encre, musée d'Orsay). Le mot de "mélancolie" revenait assez souvent dans l'exposition et on comprend pourquoi. Coup de crayon magistral, habileté dans le travail à l'encore, goût pour le noir et les gris et les ambiances crépusculaires et mystérieuses, nous y sommes.
Femme de pêcheur sur le ponton (1909, encre et crayon, collection privée). Je lui trouve un talent particulier pour rendre les silhouettes, entre réalisme, caricature car le trait est légèrement déformé et sentiment inquiétant. L'absence presque totale de détails et une capacité à rendre le vide, avec une belle puissance.

Jeune femme sur un tabouret (1909, encre, crayon et pastel, NY The Hearn Family Trust). Encore cet art de la silhouette ! Ici le pastel est manié de façon à créer des effets de lumière, comme un halo. Les contours du tabouret se détachent également très nettement, comme une enseigne lumineuse.

L'Attente (1908, encre, crayons et craies, NY The Hearn Family trust). Ici j'apprécie particulièrement le jeu de lumière sur la table : la masse de la robe blanche se reflète, mais la couleur blanche se délite progressivement et se décompose en différentes couleurs du spectre. Et toujours le talent de créer une composition pleine de vide et de silence.

Le Coup de vent (1904, encre et aquarelle, Ostende Mu.ZEE). Le tableau est saisissant. Dans une composition presque vide, où les bandes de gris s'étagent, une silhouette mystérieuse et inconnue. Le vent fait voler les cheveux et la jupe, dévoilant les jupons et les jambes. À la place de la bouche un grand trou noir.
Les Galeries royales d'Ostende (1908, encre et crayon, collection privée). J'avoue avoir eu une préférence pour les tableaux représentant Ostende, l'architecture contemporaine et les vastes espaces offerts par les plages (plus que pour les femmes mystérieuses). Ici cette galerie presque méconnaissable ! Spilliaert aime les compositions déséquilibrées, avec de grands vides inexpliqués, et cela convient bien à ce décor.

Princesse Maleine (1910, encre et craie, collection privée) (d'après la pièce de Maeterlinck). Bon quand même encore une femme de dos à la fenêtre parce qu'il les réussit vraiment très bien. Le dégradé de gris est très réussi, ainsi que le mouvement ondulant qui relit le rideau, les cheveux, les genoux que l'on devine croisés sous la grande jupe. Avec cette interrogation : est-ce qu'elle ne serait pas en train d'étouffer un cri ?
Tempête sur la mer (1908, encre et crayon, Ostende collection Vanmoerkerke). Une tempête ? Peut-être. Mais une grande échappée de lumière surgit dans le fond du tableau, comme l'annonce de jours meilleurs. Pourtant la lumière éclaire aussi par contre-jour la silhouette d'un bateau en train de sombrer, d'êtres humains agités par la détresse et d'un phare imperturbable.

Voilà donc un artiste intéressant, qui donne envie d'aller à Ostende. La semaine prochaine, encore un artiste de la catégorie "pas très connu" et ensuite... ce sera autre chose.

14 commentaires:

  1. Pas vraiment connu, non...
    Quant à aller à Ostende, ce sera coton actueellement. ^_^

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    1. Tous les espoirs sont permis pour 2022 !

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  2. musées et artistes sont à la peine en ce moment, c'est d'une grande tristesse, ce que je ne comprend pas c'est pourquoi les musées de mettent pas en ligne ces expo quitte à les rendre payantes de façon modérées je suis certaine que beaucoup serait intéressé et prêt à une participation financière

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    1. Certains musées le font, pour leurs collections ou leurs expositions. Je suppose que cela dépend de leur volonté et de leur matériel, mais aussi des institutions prêteuses dans le cas des expositions temporaires.

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  3. C'est un peintre que j'aime beaucoup et que j'ai découvert lors d'un voyage à Bruxelles.

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    1. Pas eu le temps de visiter tous les musées de Bruxelles, hélas.

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  4. Je me réjouissais à l'avance de voir Spilliaert enfin mieux connu à l'étranger et des Français en particulier grâce à cette exposition. C'est un de mes peintres belges préférés et son oeuvre présente de nombreuses facettes, un univers fascinant. Merci pour ce billet.

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    1. Je me rends bien compte que ma propre connaissance est assez superficielle, limitée à cette visite, sans aucune lecture. J'ai eu une vraie préférence pour les tableaux d'architecture. J'aimerais bien mieux le connaître.

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  5. Je ne connais pas. Alors, merci...
    Il me tarde tant de faire les expos !
    Syl.

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    1. Boire un petit café avant l'expo, visiter, prendre une bière après, en jacassant avec les amis...

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  6. j'enrage! Tout ce qu'on loupe. Et mon Pass Education qui va être périmé

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    1. En janvier 2020 j'ai pris un pass pour les musées de Marseille. Depuis ils sont fermés et gratuits... un super investissement.

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  7. Je voulais justement y aller, c'est raté malheureusement ! J'ai pu me consoler avec ton billet, le numéro Connaissance des Arts, et la vidéo faite par le musée sur son compte Instagram. Mais ça ne rend pas le côté texture des oeuvres malheureusement...Quant à Beardsley, j'aurais aussi beaucoup aimé voir ses oeuvres, parce que là pas de magazine dessus et pas de vidéo du musée. Tu ne voudrais pas faire également un billet par hasard ? :):):)

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    1. Le billet est fait et paru, ma chère !
      https://chezmarketmarcel.blogspot.com/2021/01/aubrey-beardsley.html
      Je reconnais que j'ai eu une de ces chances... Une visite qui me marquera, dans ce musée vide et silencieux.

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