La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 26 janvier 2021

Il faisait froid, évidemment, très froid.

 Jack London, Construire un feu (ou La Face perdue), traduit de l’américain par Paul Gruyer et Louis Postif, recueil de nouvelles paru en 1910.

Recueil de nouvelles du Grand Nord. Ces histoires se passent là-haut dans des endroits tellement perdus qu’on ne sait pas s’ils se trouvent en Alaska ou dans les territoires britanniques (Canada ?), à moins que ce ne soit la loi de bandes russes qui s’y applique. Il y a aussi des Indiens pas très bien identifiés (peaux rouges ou sauvages) (on est loin des Premières nations). Globalement, c’est un monde de brutasses, même si des événements extraordinaires peuvent survenir.


Mais ni la ligne mystérieuse de l’horizon lointain, ni l’absence du soleil, ni le froid terrible qui sévissait, ni toute cette ambiance de fantastique désolation, ne troublaient l’homme au-delà de ce qu’il était nécessaire.


La nouvelle Construire un feu est très réussie. Un homme qui marche dans la neige et le froid, qui calcule tout pour échapper à la mort par le froid, qui compte ses allumettes. Pas de notation psychologique superflue, pas de passé, de souvenirs, de sentiments. Un récit purement factuel. Et cette mention simple et terrible : il fait vraiment très froid. La nouvelle est connue par l’adaptation BD de Chabouté que j’ai lue il y a quelques temps, une adaptation réussie, quasi en trois couloirs, noir, blanc et rouge, d’une sobriété à la mesure de l’immensité de la nature polaire.

Il y a aussi de l’humour : La Face perdue montre un homme plein d’astuce et d’humour au moment crucial. Dans une nouvelle, un homme décide d’arrêter l’alcool dans des circonstances incroyables et très amusantes. Des farces que l’on se joue les uns aux autres. Des histoires que l’on se raconte au soir, auprès du feu, qui vont de la disparition d’un chercheur d’or à celle de l’expédition Franklin, ou une histoire d’amour tragique.

Et des portraits de chiens avec une formidable personnalité. 

 

Quelque chose d’immense flottait dans les yeux de cette brute. Un message y était enclos, que j’étais incapable de saisir. Il errait derrière ces prunelles. Ce n’était ni de la lumière, ni de la couleur. C’était… J’ai souvent éprouvé la même impression devant les yeux d’un cerf frappé à mort… C’était plus qu’une parenté entre ces yeux et les miens, entre cette âme et la mienne. C’était une égalité. Vous qui n’avez pas, comme moi, senti ce regard, dites, si vous voulez que je suis fou. C’est ainsi pourtant. Bref, ce chien nous déconcertait.

 

L’avis de Claudia Lucia qui patronne d'ailleurs un défi Jack London.

H. Sandham, Le Retour de la chasse, 1877 Ottawa BA.


 

 

10 commentaires:

  1. Je ne suis pas sûre de pouvoir lire un autre titre de London avant la fin du challenge de Claudialucia, auquel je n'aurai participé qu'une fois (avec Martin Eden), mais si je parviens tout de même à en caser, ce sera sans doute celui-là : son format "nouvelle" prêche en sa faveur et ton billet fait envie !

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    1. Je l'ai lu en octobre, sur la liseuse, et le billet attendait depuis cette date. Je compte lire Martin Eden entre avril et juin pour ma part !

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  2. Pfff, je n'arrive pas à me décider à lire cet auteur!

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  3. Construire un feu est formidable comme nouvelle, je me souviens de ma première lecture j'étais jeune et dévastée par la chute !!

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    1. Elle est terrible, très bien fichu. L'adaptation BD est très bien également.

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  4. Je viens de finir le livre et j'ai été vraiment séduit par ce court recueil. C'est tellement vivant, souvent dur, et comme tu le signales, non dénué d'humour. Patrice - Et si on bouquinait

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  5. C'est le London que j'aime ! L'humain et sa présomption face à la nature toute puissante.
    Merci pour ta participation. J'ai mis le lien dans le bilan ! Et j'ai prolongé le challenge Jack London au moins jusqu'au mois de Juin pour donner à tous le temps de terminer !

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    1. Plus d'excuse pour ne pas lire encore quelques titres ! (on sera quand même loin d'avoir écumé tout London).
      Si jamais tu lis Maudits, le roman de Oates, tu verras que London fait une apparition remarquée !

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