La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 7 août 2021

Édouard Manet

Édouard Manet

À tout seigneur tout honneur. Et j’adore la peinture de Manet !

Édouard Manet (1832-1883) est souvent désigné comme le parrain des impressionnistes, parce que ses tableaux ont fait scandale et qu'il a exposé avec les impressionnistes. D'ailleurs, les peintres impressionnistes (qui sont un plus jeunes) se réclament de lui, même si cette progéniture picturale ne va pas de soi. Toutefois, c’est à leur contact qu’il délaisse la peinture d’atelier et découvre le plein air. Et puis, la filiation semble aller de soi.

Vous connaissez les tableaux scandaleux, Le Déjeuner sur l'herbe (1863 au Salon des Refusés) et Olympia (1865). Vous connaissez le portrait de Zola, comme un manifeste de la peinture moderne, et vous avez d'ailleurs peut-être lu L'Oeuvre de Zola où les impressionnistes sont malmenés.

Manet, Zola, 1868 Orsay

Manet, c'est aussi quelques œuvres religieuses peu connues (avec Manet, on reste dans la tradition de la grande peinture) et des peintures d'histoire comme L'Exécution de Maximilien, comme un hommage à Goya.

Il y a aussi plusieurs marines, scène de pêche ou scène de bataille de la Guerre de Sécession américaine.

Manet, L'Évasion de Rochefort, 1881 Orsay

J'ai un faible pour ce tableau où la mer est superbement rendue à coup de de pinceaux dynamiques au premier plan et de plus en plus estompés dans le fond. Ici le prétexte historique est presque abandonné au profit d'une grande représentation maritime, mais la première version est un peu plus parlante.


Manet, c'est aussi l'étude et le goût pour la peinture espagnole - il y a eu une exposition Manet et Velazquez voilà quelques années.

Et c'est le peintre de la vie moderne (le vrai).

Manet, Sur la plage, 1873 Orsay
Sur ce petit tableau, on voit bien l'art de la couleur de Manet, une technique inspirée de la peinture espagnole avec le rapprochement sans intermédiaire du blanc et du noir. Pour le reste, les personnages se réduisent à une grande masse grise et une masse noire. Peu de profondeur, pas d'ombre portée, pas d'ombre dans les plis du vêtement, une peinture plate (ça, c'est révolutionnaire), pas de modelé. Et le cadrage qui ne laisse aucune place au ciel.

Manet, Le bon bock, 1873 Philadelphie

Un portrait d'homme très réussi. Un magnifique camaïeu de noirs (c'est à la fois Soulage et la peinture espagnole). Un fumeur de pipe et une bière, c'est un écho évident aux portraits hollandais du XVIIe siècle,

 

La lecture (1865 Orsay) est un camaïeu de blancs d'une grande beauté. Devant la glace (1876 Guggenheim fondation) rappelle bien évidemment Nana, ce qui lui donne une petite touche érotique - quel homme assiste ainsi au délaçage du corset ? - Quelle femme se montre à un homme à un tel moment ? Mais le tableau n'est plus posé, on ne voit plus le visage, l'attention se porte sur les voluptueuses épaules (Manet a une peinture si moelleuse et voluptueuse) et sur le corset bleu, esquissé, mais sans détail. Nous nous éloignons de l'anecdote piquante, pour un beau morceau de de pure contemplation. Contemplation d'un corps, contemplation d'un morceau de peinture.


Manet a représenté sa belle-soeur, la talentueuse Berthe Morisot (Berthe Morisot étendue 1873 Marmottan et Berthe Morisot au bouquet de violettes 1872 Orsay). Les grands yeux noirs ressortent avec éclat dans cette peau blanche et ces vêtements noirs. Une belle lumière dans ces deux tableaux.


J'ai enfin un faible pour ses natures mortes, merveilleuses même si elles sont moins connues.


Vase de pivoines sur piédouche (1864 Orsay). Roses dans un verre à champagne (1882 Burrell Glasgow). Cette rose jaune est moelleuse. Quant aux pivoines avec leurs lourds pétales... Et le coloris est superbe aussi. Des pivoines blanc rosé et une touche de rouge, des roses jaunes et rose sombre. Un verre d'eau transparent. Un fond neutre. Magnifique.

C'est le premier billet de la série (billet introductif la semaine dernière). La semaine prochaine, un autre peintre.

POINT FRONT : je commence à sortir sans chapeau (du moins quand il n'y a pas de soleil) (mais je vis à Marseille hein) (désolée le reste de la France), ce qui n'était pas arrivé depuis... décembre 2019 ! J'ai encore du mal à réaliser.


7 commentaires:

keisha a dit…

Le reste de la France te pardonne! ^_^
J'aime vraiment ces billets peinture, si vivants et intéressants, tu ne pourrais pas être guide conférencière?

nathalie a dit…

J'ai enseigné à la fac, mais je savoure beaucoup plus l'histoire de l'art depuis que j'en fais pour mon plaisir, sans aucune pression.
Merci pour ta lecture attentive !

miriam a dit…

merci pour le tableaux du début de ton article que je ne connaissais pas surtout cette évasion de Rochefort, coïncidence nous étions à Rochefort il y a deux jours

Nathalie a dit…

Les marines de Manet ne sont pas très connues et pourtant elles sont très belles !

Passage à l'Est! a dit…

Je me rends compte que nombre de ces tableaux me sont familiers, mais que je ne connais vraiment pas grand chose du peintre lui-même. Heureusement que tu nous a mis le lien Wikipedia! J'aime beaucoup la photo par Nadar qui l'illustre.

nathalie a dit…

Les tableaux d'Orsay sont assez connus en général, mais son passage par la marine l'est moins !

Dominique a dit…

un peintre que j'aime et comme toi je suis sensible aux natures mortes