La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 23 novembre 2021

C’est le premier hiver qui est terrible.

 Lise Tremblay, La Héronnière, 2003, édité en France par Actes Sud.

 

120 pages qui ont l’air d’un recueil de nouvelles. Mais tout se passe dans le même village et les histoires ont un air de famille. Il est souvent question de femmes qui s’en vont, à la ville. De gens venus de l’extérieur s’installer au village, mais qui n’en font pas vraiment partie. Des touristes, des chasseurs, des amateurs d’oiseaux. De la misère sociale en hiver. De trajectoires de vie qui se fondent plus ou moins bien dans la modernité et qui s’accommodent mal de la mobilité. Mobilité sociale, géographique, culturelle. Le village change ou il a du mal à changer.


Lui et ma sœur en avaient entendu parler au village. Tout le monde sait que ce n’est pas bon de laisser les étrangers trop s’approcher. Ces amitiés-là, ça finit toujours mal. Au village, on ne compte plus les exemples.


Dans cet univers, les femmes tiennent une place particulière. Parce que ce sont elles qui peuvent être le plus recroquevillées sur une maigre vie où elles ont leurs repères ou parce qu’elles ont tout intérêt à flanquer en l’air cette existence étriquée. Elles quittent le village, elles quittent leurs familles, leurs maris, les ragots.

Un monde très violent où chacun dispose d’une arme à feu, où les bêtes tuées par les chasseurs sont présentes à chaque page, où il y a beaucoup d’alcool, où l’on parle peu.

C’est très court, c’est dit sans être dit, les histoires des personnages racontent des vies et l’évolution du Québec rural. C’est sensible et brillant.

Fortin, Ferme à Sainte Rose, 1930 Montréal BA
 

Elle a dit aux filles de continuer de venir me voir, que j’étais bon. Je n’ai pas aimé ça. Qu’est-ce que cela veut dire bon ? Bonasse ? Niaiseux ? Habitant ?


J’ai eu envie de relire ce tout petit livre avant de continuer mon avancée dans la découverte des textes de cette autrice, car je me souvenais combien sa lecture m’avait déstabilisée et beaucoup plu (et avant de me lancer dans un déménagement et les 700 pages de George Eliot).

 

Une petit participation au mois de novembre au Québec. Une autrice. Mon premier billet.

 



 

6 commentaires:

keisha a dit…

Heu, j'ai raté ce mois (sauf mon dernier billet, mais je ne participe pas aux challenges). J'ai un autre tremblay a redécouvrir, en fait.

Ingannmic, a dit…

Eh bien, le Québec compte quelques auteurs nommés Tremblay, et qui semblent tous bien talentueux ! Après Michel et Larry, voilà donc Lise, qui d'près ton billet, vaut vraiment le détour !

nathalie a dit…

J'ai plusieurs livres québécois, il faut bien que je m'efforce d'écluser un peu le stock avant d'en récupérer de nouveaux !

nathalie a dit…

C'est un nom courant et oui, c'est vraiment extrêmement bien.

eimelle a dit…

dire que je ne l'ai toujours pas lu!

nathalie a dit…

Ça viendra, pas d'inquiétude !