Le peintre Albert Marquet

 

Albert Marquet (1875-1947) est un peintre que vous connaissez sans le connaître, parce que vous avez certainement déjà vu certains de ses tableaux.

Lié à Matisse, aux fauves, au postimpressionnisme, il a rencontré assez tôt le succès. C’est un peintre de paysages et il a pas mal voyagé en France et en Europe, en Algérie et au Proche-Orient. On reconnaît ses peintures à ses grands contours noirs et aux grands aplats de couleur.

 

Sur la page Wikipedia il y a un spectaculaire dessin d’une charrette à bras, ne le négligez pas.

Balcon avenue de Versailles (1904 Havre).

J'aime ce tableau parce que je le trouve parfaitement composé. Une grande fenêtre ouverte sur la ville. La superbe grille en ferronnerie noire qui barre la vue et à travers laquelle se glisse le regard. Le reflet trouble dans la vitre. Le ciel au loin.

Quai de la seine à Paris (1905 Havre) et Notre-Dame de Paris sous la neige (1916 Havre).

La longue diagonale du quai, mais avec les arbres qui croisent dans l'autre sens. Un camaïeu très gris, très glacé.

Le second tableau est très "Marquet" : les contours noirs et les aplats de couleur sont typiques de son oeuvre. Avec de grands vides colorés et ce ciel délicatement rosé.

La plage de Fécamp (1906, Centre Pompidou).

Un tableau joliment coloré. Les contours noirs se marient aux petites tâches rouges et au bleu. Le reste est fait de couleurs claires et sobres, un peu diluées.

Là vous voyez ? Quatre tableaux avec de grandes diagonales simples, mais puissantes, pour orienter le regard et construire efficacement un paysage.

Le Port de Rouen (1927, Albi musée Toulouse-Lautrec).

Un point de vue en hauteur, avec des couleurs franches très nettes - ah ce vert normand ! Ensuite les plans s'étagent régulièrement jusqu'à se fondre complètement entre terre, ciel et brume - et brouillard, car le chauffage au charbon se conjugue au climat local pour créer ce gris. On devine les tours de la cathédrale et les installations du port. Aujourd'hui encore, quand on arrive en train ou en voiture à Rouen, on a une vue spectaculaire sur la ville aux cent clochers.

J'aime le coloris très sobre et très travaillé, malgré une impression de simplicité. Vert et ocre devant. Gris vert au milieu. Gris sur la moitié supérieure du tableau. Cela rend un bel effet de profondeur.

Le Port du Havre (1960, lithographie, Le Havre, bibliothèque municipale).

En 2023, le musée du Havre a organisé une exposition Marquet. Il était dit à plusieurs reprises que le peintre cherchait à rendre les effets de la lumière changeante du bord de mer normand. Il était aussi dit à plusieurs reprises qu'il avait dû interrompre plusieurs fois ses travaux à cause de la pluie. Ceci dit, cette lithographie donne l'image d'un port dynamique et plein d'activité et assez lumineux.

Le Port de Marseille (1916,  Marseille, Cantini).

La lumière du midi ! Et oui, Marseille, le pont transbordeur, quelques rares bateaux (parce que c'est la guerre ?), la pierre au soleil, les silhouettes des passants, le bleu de l'eau.

Matisse en haut de forme (1900, encre de chine, Le Havre).

J'ai un gros faible pour les dessins à l'encre de Marquet. Ici, l'un des plus célèbres, parce que le portraituré est une star.

Scène de rue (1900, encre de Chine, Le Havre).

Mais regardez ! Il suffit de 10 traits pour rendre cet ouvrier à casquette et mégot, col relevé contre la pluie.

Scène de rue (1900, encre de Chine, Le Havre)

Comment ne pas aimer ?

La semaine prochaine, une grande peintre.