La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



vendredi 11 février 2011

Les dieux accomplissent beaucoup de choses contre notre attente, et celles que nous attendions n’arrivent pas ; mais le dieu fraye la voie aux événements imprévus.

Comme j’ai lu la pièce dans une édition pédagogique, j’ai découvert dans le même volume l’Andromaque d’Euripide (Ve siècle av. J.-C.). Ici, Astyannax a été tué à Troie mais l’histoire reste la même.
Plus difficile de juger de la langue, j’ai lu la traduction de Nicolas-Louis Artaud (1857), en prose. Il faut tout d’abord mentionner le rôle du chœur qui amplifie les thèmes (lamentation, plainte, louange, appel aux dieux), qui questionne les héros et met en avant leurs hésitations intérieures. Il me semble que la pièce antique fait moins de place aux dialogues et plus aux monologues, dans un art plus oratoire, sans doute plus éloigné de notre sensibilité. Il y a également une plus grande place accordée aux incidents extérieurs : des guerres menées en Grèce, le deus ex machina (déesse en l’occurrence), la voix de la sagesse qui triomphe et empêche les hommes d’être totalement en proie à leurs passions.
Nous sommes bien plus proches de Racine, son vocabulaire de l’amour est le nôtre.

Andromaque
Va donc ; pour moi, toujours baignée de larmes, je ferai retentir les airs de mes gémissements et de mes sanglots ; car c’est pour les femmes un plaisir naturel dans leurs maux de les avoir toujours à la bouche. Et j’ai plus d’un sujet de gémir, la ruine de ma patrie, la mort d’Hector et la cruelle destinée qui m’enchaîne et m’a fait tomber dans une indigne servitude. Il ne faut jamais appeler aucun mortel heureux avant d’avoir vu comment, à son dernier jour, il descendra aux enfers.
Ce n’était pas une épouse, mais une furie, que Pâris conduisit dans Ilion aux hautes murailles, lorsqu’il emmena Hélène pour partager sa couche ; c’est à cause d’elle, ô Troie, que le terrible Mars vint de la Grèce, avec mille vaisseaux, porter le fer et la flamme dans tes murs.

Andromaque par Milhomme, un plâtre de 1800 conservé au Louvre.

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