La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 21 février 2011

Nayland Smith venait de faire entrer dans la routine de mes faubourgs le romanesque le plus débridé.

Un chinois maléfique, le péril jaune, les ruses et la cruauté de l’Orient, la fin de l’Occident… Non, il ne s’agit pas d’une chronique économique mais d’une série romanesque, dont le héros est Fu Manchu :

L’homme portait une simple tunique jaune, d’une couleur presque identique à celle de sa physionomie lisse et glabre. Il avait de grandes et longues mains osseuses, et son menton pointu était appuyé était appuyé sur ses maigres phalanges. Son front était haut et bombé, couronné de cheveux rares et ternes.
Comment décrire ce visage, ces yeux, qui me regardaient tranquillement par-dessus la table ? Ce visage était celui d’un archange du mal, et ces yeux, qui en étaient le trait souverain, étaient les plus étranges qui eussent jamais reflété l’âme humaine – ils étaient étroits et longs, très légèrement obliques, et d’un vert étincelant. Mais surtout – et je n’ai jamais vu cela chez aucun autre être humain, ils étaient, chose horrible, recouverts d’une sorte de film qui me fit songer à la membrana nictitans de certains oiseaux. Cette membrane était baissée lorsque je fis sauter la porte, mais elle sembla se rétracter quand j’eus pénétré dans la pièce, révélant les iris de l’homme dans tout leur éclat vert.

Fu Manchu est le prince du crime chinois, mandaté par une puissance occulte, une secte, un royaume inconnu basé dans des montagnes perdues en Asie. Il veut ruiner le cœur de la civilisation, c’est-à-dire l’empire britannique (nous sommes en 1913) et réussit les enlèvements les plus inouïs en profitant du brouillard londonien. Sur sa route, un homme : Nayland Smith, policier spécial en poste en Birmanie mais en mission spéciale à Londres. Et son meilleur ami, le narrateur, le docteur Petrie. Vous avez reconnu un couple à la Holmes et Watson. L’un, très intelligent, solitaire, dont on ne sait rien mais qui sait tout. Et le second, un peu lent à la comprenette, brave homme, amoureux d’une belle et mystérieuse Égyptienne, toujours prêt à secourir son ami. J’aime beaucoup cette série, j’en lis un volume tous les ans, quand je prends le train pour Noël. Des aventures, des souterrains, des fumeries d’opium, des poisons, des serpents et un méchant qui ne meurt jamais. Pour moi, c'est un régal.

Et comme les voies de la littérature sont impénétrables, de Fu Manchu, on peut passer très facilement à l’un des parrains de ce blog, ou à un privé très cinématographique, ou à un aventurier français… à suivre !

Sax Rohmer (pseudonyme d'Arthur Henry Sarsfield Ward), Le mystérieux docteur Fu Manchu, traduit de l’anglais par Anne-Sylvie Homassel, Paris, Zulma, 2008 (1e édition à Londres en 1913).

1 commentaire:

catherine a dit…

comprenette c'est un joli mot!
comprenote je dis moi.
LES deux sont savoureux ... mais j'ai un faible pour comprenote; on ne se refait pas!