Rosa Montero, La Folle du
logis, traduit de l’espagnol par Bertille
Hausberg, 1e éd. 2003, Paris, Éditions Métailié, 2004.
La 1e catégorie
d’Yspaddaden pour son défi « Les 12 d’Ys » est celle des
« auteurs espagnols contemporains ». Il se trouve que j’avais
chroniqué les deux livres de Cercas (Les Soldats de Salamine et Anatomie d'un instant), j’ai donc pioché au hasard parmi les 11
autres noms et j’ai relevé celui de Rosa Montero, que j’ai dû distinguer de
Mayra Montero, auteur cubain déjà présent dans ma bibliothèque. Un petit tour
sur Wikipedia et je me suis décidée pour La Folle du logis, en grande partie à cause du titre qui me paraissait
charmant et loufoque. Voilà comment j’en suis arrivée à lire avec délices un
livre vers lequel je ne me serais tournée en temps normal. Le monde est beau.
Rosa Montero est écrivain et
c’est l’imagination qu’elle désigne sous l’expression folle du logis. Dans ce livre elle raconte son expérience
d’écrivain : l’importance de l’imagination, des mots, des histoires, les
femmes écrivains, les femmes d’écrivains, l’amour et les romans.
Nous voici donc revenus à l’imagination. À cette folle, à la fois fascinante et furieuse, qui vit dans le grenier. Être romancier, c’est cohabiter harmonieusement avec la cinglée du dernier étage.
Il ne s’agit pas d’un journal ou d’un texte strictement autobiographique : ainsi Rosa Montero a-t-elle une sœur ? et qu’a-t-elle vécu avec M., cet acteur américain, dont l’histoire varie à trois reprises ? Et cette chaise couleur safran ? Mais ce n’est sans doute pas un roman. Tous ses propos respirent la sincérité et procurent un effet étrange d’apaisement. Rosa Montero raconte ni plus ni moins son histoire avec l’écriture, au travers de ses souvenirs et de ses réflexions. Comment elle lutte contre la mort, contre la fuite du temps avec des mots, ce qu’elle ressent à la mise au point d’un manuscrit, l’angoisse viscérale des écrivains devant l’attente des critiques, le besoin d’attention qui habite tous les artistes, les écrivains et les pouvoirs. J’ai compris qu’un « lecteur vit plus longtemps que les autres car il ne veut pas mourir avant d’avoir terminé le livre commencé ». Le tout en citant d’autres écrivains, de Voltaire à Italo Calvino en passant par Tolstoï avec beaucoup de noms que je ne connaissais pas.
L'imagination rôde dans les rues de Marseille. Image M&M. |
On se trouve au seuil même de la
création et des trames admirables, des romans immenses éclatent dans nos têtes,
baleines grandioses qui ne laissent voir que l’éclair de leur dos mouillé ou
plutôt des fragments de ce dos, des parcelles de cette baleine, des miettes de
perfection laissant deviner l’insupportable beauté de l’animal tout
entier ; mais ensuite, avant d’avoir pu faire un geste, avant d’avoir été
capable de calculer son volume et sa forme, de comprendre le sens de son regard
perçant, la bête prodigieuse plonge au fond de l’eau et le monde reste paisible
et sourd et terriblement vide.
J’ai l’habitude de corner les pages où il y a quelque chose qui me plaît et mon livre du jour ressemble à un origami. J’ai adoré lire ce livre, écrit
simplement, qui dit des choses réelles et puissantes sur la vie et les livres,
les relations entre les humains et la lecture. Je vais sérieusement songer à
lire les romans de Rosa Montero, voir ce que cela donne.
1/12e de participation aux 12 d'Ys.
Le billet de Mango (une LC sans le savoir)
Un livre qu'il faut que je découvre.
RépondreSupprimerJ'ai lu trois romans de R Montero, avant celui ci et c'était sans le savoir un bon parcours (car elle parle de ses romans dans cette folle du logis). Quoiqu'il en soit, c'est un des meilleurs livres que j'aie lu en 2011 et je le recommande. Lis ses romans, oh oui!
RépondreSupprimerRavie que ce défi te permettre de faire de si belles découvertes, et aussi d'enrichir ton carnet de citations !
RépondreSupprimerJe suis ravie qu'on se croise sur ce livre! Nous avons été bien inspirées de le choisir pour ce premier rendez-vous d'Ys. Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit si intéressant. Je vais me lancer maintenant dans son roman :"La fille du cannibale". On en dit beaucoup de bien aussi.
RépondreSupprimerBen oui, vous avez toutes raisons, je n'ai plus qu'à me jeter dans ses romans.
RépondreSupprimerEt moi je n'ai plus qu'à me jeter sur celui-ci puisque tu en dis tant de bien et que j'ai été conquise par Rosa Montero à ma première lecture! Génial le challenge d'Ys!!
RépondreSupprimerN'est-ce pas ? Rosa Montero nous a toutes conquises !
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