La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 2 février 2012

Elle devait être au milieu d’une réplique cinglante au moment où la mort l’avait frappée. Au moment où quelqu’un l’avait frappée.



Estelle Monbrun, Meurtre chez tante Léonie, Paris, Viviane Hamy, 1994.


Un livre repéré chez Dominique qui m’a semblé fait exprès pour moi et lu après Anna Karénine comme une agréable respiration. C’est un roman policier assez court et plutôt réussi. Nous sommes à Illiers-Combray, la Proust Association organise un colloque dans la maison de feu Melle Amiot, que des visiteurs venus du monde entier s’obstinaient à appeler « la Maison de Tante Léonie ». Sauf qu’au matin Émilienne trouve la présidente de l’association assassinée. Problème… L’enquête sera menée par Jean-Pierre Foucheroux et Leila Djemani.
Un plaisir de lecture. Il ne s’agit pas d’un thriller au suspense insoutenable mais d’un honnête roman policier bien foutu et très bien écrit. Le personnage de la victime est très bon, une vraie méchante que l’on a envie d’étrangler. Des retours en arrière nous font peu à peu découvrir les suspects et leurs mobiles possibles. Les personnages ont tous une personnalité bien établie, caractérisée à la fois rapidement et précisément. Nous avons affaire à un bon duo de policiers, on suivrait la suite de leurs aventures avec plaisir. Un gros bémol : une des protagonistes (Gisèle), très sympathique et attachante au demeurant, est d’une naïveté qui n’est absolument pas crédible.

A. Thibault, Illiers, 1939
Paris, musée national d'Art moderne, image RMN. 

Quant à l’univers proustien… il reste discret, comme un décor, traité tout à la fois sérieusement et avec une distance ironique. Des lieux sur lesquels se déroulent des visites touristiques, des boulangeries qui fabriquent des madeleines à tour de bras, l’humidité et le brouillard, des pierres grises qui n’évoquent pas grand-chose quand on n’est pas inspiré. Moi qui n’ai pas le culte des personnalités d’écrivain, cela me convient tout à fait.

Et ça commence comme ça :

Le temps n’était guère de saison en ce surprenant matin de 18 novembre. Émilienne dut le reconnaître, alors qu’elle avançait péniblement sur le chemin de halage. Sa sciatique la faisait souffrir. Après plusieurs jours d’une pluie battante, de crues soudaines du Loir et de brouillard sans fin, le soleil avait fait une miraculeuse réapparition, ourlant de traits lumineux les branches désolées des arbres, rosissant les façades des maisons du village. Il allait faire beau.

Lu aussi par Dominique et Alex.


6 commentaires:

grillon a dit…

Ce livre me fait penser à un autre, de Anne-F. Garreta, dont le titre est " La décomposition " , et qui traite aussi d'un meurtre chez Tante Léonie, mais l'histoire est tellement tordue que j'avais laissé tomber ce bouquin. Au contraire de toi qui es plus raisonnable, j'avoue vouer un culte à Marcel et je m'intéresse à tout ce qui approche son décor, je lirai peut-être un de ces jours ce livre d'Estelle Monbrun ( c'est Marcel, son brun ?? lol ! )
Bonne journée :-) !

nathalie a dit…

Salut Grillon ! Cette histoire-là est toute simple pour le coup. Je vois que tu es encore marquée par ta récente lecture de l'OuLiPo...

Asphodèle a dit…

Ha cet OuLiPo !^^ Il me tente bien celui-ci, j'en ai déjà entendu parler, donc tu m'achèves, je le note ! :)

nathalie a dit…

Sans prétention exorbitante mais très sympa.

Alex Mot-à-Mots a dit…

Un roman "honnête", ej suis d'accord avec toi. Et qui a le mérite de nosu faire voir la maison de Tante Léonie différemment.

nathalie a dit…

oui Alex, c'est exactement ça.