Karen Blixen, Sept contes
gothiques, traduit de l’anglais par Gleizal
et Huet, 1e éd. 1934, Paris, Stock, 1980.
J’avais lu il y a pas mal
d’années Out of africa mais je ne
connaissais pas du tout ces « contes » « gothiques »,
découverts grâce à quelques blogs littéraires. Et c’est formidable ! Je ne
comprends pas qu’ils ne soient pas plus connus ; c’est une très belle
littérature.
Il s’agit de 7 courts récits,
d’une écriture dense. Il est difficile de résumer leurs intrigues, très
différentes, mais à l’atmosphère proche.
Les héros sont souvent allemands,
anglais ou danois, mais aussi souvent confrontés à un ailleurs poétique et
géographique. L’Italie est le lieu magique bien sûr, où les femmes sont
différentes, où l’air a une saveur nouvelle (comme chez Stendhal). L’Italie est
à ce point symbole d’un pays rêvé (passé nostalgique, ou inatteignable) que les
deux sont synonymes. Une ville italianisée devient un rêve et vice-versa. La
ville allemande de Weimar se voit ainsi qualifiée de « balsamique »
dans une évocation idyllique.
La Soirée d’Elseneur baigne dans un climat de peinture hollandaise :
un petit port, des maisons très bien tenues, l’atmosphère nordique si
différente du tropisme italien, avec le patin à glace, le fantastique est ici
quotidien et domestiqué.
On retrouve à plusieurs reprises
le personnage d’une femme de pouvoir, âgée (souvent aristocrate), ancienne
beauté, maintenant loin des futilités, possédant une sagesse et un pouvoir
différent. Son apparence physique est déjà celle d’une tête de mort, par la
maigreur de l’âge. Elle se charge quelquefois de la protection d’un être plus
jeune, homme ou femme, à qui il s’agit de transmettre toute la magie de la vie.
Si les récits se tiennent quelque part dans le XIXe siècle, elles
ont alors leur jeunesse ancrée dans un XVIIIe siècle rêvé et envolé,
ou dans une épopée napoléonienne enfuie. Elles contribuent à donner la note
mélancolique à plusieurs récits, qui hésitent entre le monde moderne et le
passé. Leur seule présence met le héros au contact de la mort, du passé et d’un
savoir inconnu. C'est donc un livre à recommander pour les adeptes du challenge Ô vieillesse ennemie.
Ruisdael, La Ville de Deventer vue du nord-ouest,
Londres, National Gallery, image RMN.
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Les clins d’œil littéraire sont
nombreux, difficile ainsi de ne pas penser aux Antiquaires de Balzac à l’évocation de la ville de Saumur dans Le
Poète.
Du porche de l’église, le
conseiller observait la petite scène avec un intérêt singulier. Il n’en pouvait
détacher les yeux. Les deux jeunes gens étaient extrêmement intimidés. La grâce
lourde et lente du jeune homme, l’extraordinaire légèreté de mouvements de la
jeune femme, leur double timidité donnaient à cette courte rencontre une force,
une portée particulière, comme si elle impliquait un secret et toutes sortes de
possibilités.
L'avis de : Vilvirt, Catherine (déçue), Mazel, Estelle. Nouvelle participation aux 12 d'Ys (on peut publier le 21 pour se rattraper, ouf !), catégorie scandinave.
Je pensais publier des billets cette semaine mais entre un déplacement à Paris, des occupations prenantes et un soupçon d'anémie, ce ne sera pas possible. Je répondrai aux commentaires tout de même mais le prochain billet sera pour samedi ou dimanche.
Très différents de la Ferme africaine, ses contes affirment plus le talent d'écrivain de l'auteure, je trouve.
RépondreSupprimerEncore un auteur que je n'ai jamais lu et pour lequel je me répète qu'il va falloir réparer ça!
RépondreSupprimerOui Alex, tu as raison. Allez Marie, on t'attend !
RépondreSupprimerMerci de m'avoir linkée.
RépondreSupprimerOui, j'ai été déçue et je ne l'ai jamais repris...
Bonne semaine !
il faut absolument que je les lise ! en plus j'étais à Elseneur la semaine dernière ça me rappelera des souvenirs :)
RépondreSupprimerJe le note sans savoir encore vraiment s'il me plaira ou pas. Je suis tout de même tentée.
RépondreSupprimerCath : j'ai découvert ce livre grâce à la blogosphère donc c'est normal.
RépondreSupprimerAymeline : mais oui, même s'il y avait certainement moins de pirate et de fantômes quand tu y étais !
Loo : il faut entrer dedans, c'est une écriture assez dense.
tu me le prêteras? je te kisse et je vais venir pdt ma pause repas te faire un couou
RépondreSupprimerJe te le prêterai avec plaisir Cath !
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