La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 27 octobre 2012

Une humeur d'ours


Doug Peacock, Mes années grizzly, traduit de l’américain par Josiane Deschamps, 1eéd. 1987, paru chez Albin Michel en 1997, Paris, Gallmeister, 2012.

Il s’agit d’un recueil de plusieurs textes relatant la relation de l'auteur au grand ours américain. Peacock est un ancien du Viêt-nam, revenu inadapté à la vie collective, qui trouve un refuge mental dans les montagnes sauvages. Il part camper dans les régions les plus reculées, celles délaissées par l’être humain (quoique, à l’ère de l’aviation, plus rien n’est à l’abri des bruits de moteur), celles où s’est réfugié l’animal le plus chassé du pays, le grizzly.

L’auteur est fasciné par les grizzlys, par leur proximité avec l’être humain (l’ours est omnivore, ronfle, joue, flanque des baffes à ses petits) et par leur caractère primitif et imprévisible. Une force brute venue de la nuit des temps. Il souligne que leur nature n’a plus aucune place dans un territoire entièrement occupé par l’homme, alors qu’il conviendrait de laisser des espaces où les ours ont le droit de se comporter en ours. Il n’idéalise pas le plantigrade, ayant peur de leur violence, pris de tremblements à l’idée qu’un ours qu’il connaît ait pu s’attaquer à un être humain. Une forêt habitée par un grizzly rend le marcheur plus humble.

L’ours se détourna lentement, avec élégance et dignité, puis, d’un pas cadencé, il s’enfonça dans le bois à l’autre bout de la clairière. J’avais le souffle court et le visage cramoisi. Je sentais que je venais d’être touché par quelque chose de très puissant et de très mystérieux.


Le récit de ces immenses randonnées est très concret, on est loin ici des évocations lyrico-romantiques. Jours de marche, kilomètres, pluviométrie, pente, végétation, espèce des arbres… tout compte si l’on veut camper au milieu de ces animaux. Le moindre élément peut vous sauver la vie et si Peacock est un homme hors du commun, il n’est pas un héros.


Oui, vous avez déjà lu cette chronique (le 20 juillet). Je la publie à nouveau en l'honneur d'un nouveau challenge lancé par Lili consistant à lire autour d'un animal totem. J'ai choisi l'ours... car le livre de Peacock est un des livres qui m'a le plus marquée dans la période récente. Mais je me suis aussi concoctée un petit programme autour du plantigrade !

5 commentaires:

Lili Galipette a dit…

Très belle chronique pour un très beau texte. :)

Asphodèle a dit…

Je me disais aussi ...mais bon relire tes billets est toujours un plaisir et tant que tu n'es pas d'une humeur de dogue !!!^^

Margotte a dit…

Je vois que tu as un faible pour le plantigrade, comme moi... Il faut absolument alors que tu lises ça :
http://bruitdespages.blogspot.fr/2011/03/lours-histoire-dun-roi-dechu-de-michel.html
Bon dimanche !

nathalie a dit…

Je l'ai lu ! Ou alors j'ai lu un article tiré du livre, c'est en effet très passionnant.

Alex Mot-à-Mots a dit…

Ton animal totem est donc l'ours...